Incendie du CRA de Vincennes, Robert BRET demande une enquête parlementaire

Publié le 24 juin 2008 à 17:17 Mise à jour le 8 avril 2015

Depuis 2002, M. SARKOZY s’acharne sur l’immigration via une surenchère législative visant à mieux pointer, ficher, comptabiliser, stigmatiser, isoler toujours un peu plus l’émigré. On assiste à une grave radicalisation de la législation française à l’encontre de l’étranger au prétexte d’une harmonisation européenne des politiques d’immigration.
Autant de lois votées, qui en durcissant les conditions d’entrée et de séjour, augmentent le nombre de sans papiers. Et cela risque d’aller de mal en pis avec une Europe qui refuse les régularisations massives et vient d’augmenter à 18 mois, pour les mineurs y compris, le délai de rétention administrative avant de notifier à celui qui sera reconduit à la frontière une interdiction de territoire de 5 ans !
Assurément, l’incendie du CRA de Vincennes est la conséquence directe de cette politique de chiffres menée à l’encontre de personnes dont le seul « crime », il faut le rappeler, est le défaut de papiers ! Et ils sont de plus en plus nombreux à être retenus de plus en plus longtemps, dans des conditions bien souvent dramatiques. Cette révolte des sans papiers de Vincennes est un appel au secours, un témoignage de la déshumanisation qui règne au sein des CRA.
Déjà en 2006, je saisissais la CNDS sur la compatibilité des conditions de rétention au Canet à Marseille en particulier, dans les CRA en général, avec les dispositions déontologiques et réglementaires dont ils relèvent. La CNDS ne s’est pas prononcée sur cette problématique. Pourtant la Ligue des Droits de l’Homme ne cesse de recueillir de nombreux témoignages attestant de violences physiques et verbales, d’absence de soins y compris dans des situations d’urgence, de nourriture déplorable, d’une augmentation du nombre d’automutilations et tentatives de suicide.

Si la catastrophe a pu être évitée cette fois, on ne saurait en rester là. Le drame de Vincennes doit conduire à une commission d’enquête parlementaire sur les conditions de rétention dans les CRA.
D’autant qu’en transférant les sans papiers de Vincennes dans les divers CRA du territoire qui sont déjà bien remplis on augmente le facteur stress de personnes déjà fortement fragilisées et on favorise la surpopulation. C’est la porte ouverte à la colère !

Robert Bret

Ancien sénateur des Bouches-du-Rhône
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