Intermittents : Donnedieu de Vabres donne satisfaction au Médef

Publié le 6 mai 2004 à 00:00 Mise à jour le 8 avril 2015

par Jack Ralite

Le Medef est content. Nous pas.

Le Medef est content et il a quelques raisons de l’être. Ce parti politique qui ne dit pas son nom mais qui prétend orienter en tout la politique du pays est omniprésent derrière l’attitude gouvernementale relative aux intermittents.

Premièrement. L’accord minoritaire du 26 juin n’a pas été désavoué par le gouvernement, alors que cela a été fait pour les chômeurs « recalculés » et pour les chercheurs.

Deuxièmement. Le Président de l’Unedic, M. Gautier-Sauvagnac, représentant le Medef, a dit qu’il ne voulait pas de réouverture de négociations. Cela n’a pas été évoqué ni combattu par le Ministre de la culture.

Troisièmement. A propos des dérives du système, un haut fonctionnaire, Jacques Charpillon, a été nommé pour favoriser un accord des partenaires sociaux. Une intervention de l’Etat aura lieu si ça n’aboutissait pas. Or, rien de tel n’a été prévu au sujet des négociations souhaitées pour remplacer le protocole du 26 juin. Ainsi est avalisée la démarche bloquante et arrogante du Medef.

Quatrièmement. La création d’un fond spécial de 25 millions d’euros instaure des annexes 8 et 10 à deux vitesses. C’est un ballon d’essai à transformer en une « caisse complémentaire » (il n’est que de lire les commentaires de la CFDT) qui fait le bonheur du Medef, lequel n’a rien à débourser (comme d’ailleurs dans le cas des chômeurs recalculés). Il voit ainsi confirmée son attaque des annexes 8 et 10 parce qu’elles sont une référence pour l’indemnisation des précaires, que le Medef multiplie. Ce même Medef qui refuse de régler la question des femmes enceintes et de la maladie.

Le Medef a de la joie.

Nous pas, mais je salue la quasi-unanimité des personnes concernées qui « refusent de se déclarer satisfaites parce qu’elles ne pactisent pas. » (René Char)

Je me pose plusieurs questions :

  • pourquoi, comme l’année dernière, une telle démarche est-elle annoncée à la veille des festivals ?
  • pourquoi la culture est-elle traitée différemment de la recherche et des chômeurs ? C’est un mépris à son égard. Serait-ce une version nouvelle de l’exception culturelle ?
  • pourquoi toujours considérer l’art comme une dépense, voire un déficit ? Il s’agit d’un investissement et je me souviens de Maurice Schumann déclarant à l’Institut : « la seule chose que l’avenir ne pardonne pas, c’est de mépriser les rêves ».

Tout cela, il faut l’expertiser. Il faut l’évaluer, en ne se limitant pas à constater les écarts avec la norme actuelle, mais en tenant compte aussi des nouvelles normes mises en avant dans le mouvement des intermittents, ainsi que des valeurs qui nous animent.

Je sais que Monsieur Donnedieu de Vabres parle de sa tristesse. Il dit qu’il veut bien faire, mais à l’évidence le Medef l’en empêche. Et bien, disons avec humour qu’il faut libérer Monsieur Donnedieu de Vabres du Medef.

Le Medef ne doit pas être content ni joyeux.

Nous, nous voulons l’être.

Et je crois qu’une délégation du Comité de Suivi auprès du Président de la République serait la bienvenue.

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