Portée par les sénateurs de l’Union centriste, cette initiative nie la spécificité d’un jour symbolique, façonné par une lutte longue et internationale, dont la portée émancipatrice a traversé les XIXe et XXe siècles. Les sénatrices et sénateurs de gauche et écologistes s’opposeront avec la plus grande fermeté à cette nouvelle atteinte au droit du travail.
De dérogation en dérogation, la majorité sénatoriale casse les droits des salarié·e·s, dans une logique ultralibérale délétère.
Le 1er mai, fête des travailleuses et des travailleurs, est le seul jour férié et obligatoirement chômé et payé en France. Actuellement, seuls les « établissements et services qui, en raison de la nature de leur activité, ne peuvent interrompre le travail », comme les hôpitaux, ont la possibilité de faire travailler leurs salarié·e·s le 1er mai.
À contre-sens, cette proposition de loi inique entend créer de nouvelles dérogations pour :
→ les commerces de « produits alimentaires destinés à la consommation immédiate » tels que les boulangeries ;
→ les « autres établissements dont l’activité exclusive est la vente de produits alimentaires au détail » tels que les épiceries ;
→ les « établissements dont l’activité répond à un besoin du public lié à un usage traditionnel propre au 1er mai » tels que les fleuristes ;
→ les établissements exerçant une activité culturelle.
La notion de « volontariat » introduite dans le texte est tout aussi antinomique au contexte du 1er mai, où il n’y a d’obligation de travailler que pour satisfaire les besoins les plus urgents.
Nous refusons d’ouvrir une brèche et de céder à la stratégie de dérégulation progressive du droit du travail organisée par la droite. En acceptant des dérogations qui s’élargiront au fil du temps, la majorité sénatoriale organise la libéralisation du travail le 1er mai, comme elle l’a fait pour le travail le dimanche. Après un début avec majoration, repos et volontariat, le rapport de force entre salarié·e·s et employeurs et le lien de subordination ont émoussé au fil du temps les contreparties compensatrices.
Nous, législateurs de gauche, ne devons pas rendre légales des pratiques illégales. Nous ne devons pas privilégier les intérêts économiques de certains. Nous ne devons pas obéir à une logique de soumission à pression médiatique de quelques patrons fraudeurs. Nous, législateurs de gauche, devons protéger un temps commun pour le respect et l’émancipation des travailleurs.
Cette proposition de loi est le symptôme d’une société qui ne peut s’arrêter de consommer, même une journée, pour un temps collectif qui fait sens et société. Les groupes Socialiste (SER), Communiste (CRCE-K) et Écologiste (GEST) continueront à défendre, aux côtés des syndicats qui s’opposent unanimement à cette proposition de loi, les acquis sociaux et les droits des travailleuses et travailleurs.