Pour une paix juste et durable en RDC, les actes doivent suivre les intentions exprimées

Publié le 3 février 2025 à 17:37

Après trois jours de combat et l’offensive fulgurante du Mouvement du 23 mars, soutenu par 4 000 soldats rwandais, la ville de Goma et ses 782 000 habitants, capitale de la province du Nord-Kivu en République Démocratique du Congo (RDC), sont dorénavant soumis au contrôle des envahisseurs.

Ces combats ont causé la mort d’au moins une centaine de personnes dont 17 casques bleus de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en RDC. Depuis sa résurgence en novembre 2021, le groupe paramilitaire du M23 a pris le contrôle de plusieurs régions du Nord-Kivu. Cette offensive est entrecoupée de cessez-le-feu, de massacres, de viols et du pillage des ressources congolaises.

Depuis maintenant près de 30 ans, les guerres du Congo et du Kivu constituent le conflit le plus meurtrier de ce siècle avec des millions de morts, des millions de déplacés et un silence international assourdissant. S’il ne faisait plus aucun doute pour de nombreuses chancelleries occidentales et l’Organisation des Nations Unies, que le Rwanda participait indirectement à ces exactions ; aujourd’hui, l’implication assumée dans ce conflit de l’armée rwandaise du Président Paul Kagame témoigne de son impunité face à une Union Européenne complice des recels de crimes de guerres, et d’un État français qui n’hésite pas à l’armer.

D’une part, concernant la France, nous condamnons fermement la décision de l’Élysée, d’avoir pesé de tout son poids pour renouveler en novembre 2024 une aide de 20 millions d’euros à destination de l’armée rwandaise. Et ce, alors même que la Belgique avait freiné des quatre fers contre cette décision de l’UE.

D’autre part, nous appelons à l’abrogation d’urgence de l’accord de coopération sur les matières premières signé entre le Rwanda et l’Union européenne datant de février 2024. Du fait que le Rwanda ne dispose pas d’un gramme de minerais dits « critiques », mentionnés dans ce document, dans son sous-sol et que ceux-ci sont par contre présents dans celui de la RDC, cet accord est vu comme une légitimation de fait de la fraude et du pillage de la RDC. Cela a eu pour conséquence logique de renforcer l’impunité dans cette région.

A l’heure où la France saisit le Conseil de sécurité de l’ONU tandis que l’Union européenne appelle le Rwanda à se « retirer immédiatement », les membres du groupe CRCE-K exigent que les actes suivent les intentions et enjoignent la France et l’UE de prendre des mesures concrètes pour contribuer à rétablir le droit international dans la région et soutenir la RDC dans son combat pour retrouver son intégrité territoriale.

Nous rappelons notre soutien à Denis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018, de nationalité congolaise, et aux forces progressistes et démocratiques de RDC, qui revendiquent dans la suite logique du rapport Mapping, la création d’un tribunal pénal international pour poursuivre les auteurs de violations des droits de l’homme de 1993 à 2003, pour parvenir à panser les plaies de décennies de guerre et de massacres dans la région.

Enfin, nous appelons la France à agir en faveur d’une réorientation totale de la politique des matières premières stratégiques qui participe au renforcement d’un mode de production capitaliste effréné et sans garde fous impliquant une exploitation insupportable des peuples dont celui de la RDC.

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