Procès des viols de Mazan : regarder la société en face

Publié le 20 décembre 2024 à 12:13 Mise à jour le 8 janvier 2025

Les 51 violeurs de Gisèle Pélicot, dont son ex-mari, ont été reconnus coupables et condamnés hier. Les sénatrices CRCE-K membres de la Délégation aux droits des femmes, Marie-Claude Varaillas et Evelyne Corbière Naminzo, saluent la dignité, la force et le courage de Gisèle Pélicot et rappellent que notre société patriarcale produit de telles horreurs.

Gisèle Pélicot en refusant l’anonymat est devenue une icône. Elle a fait changer la honte de camp.

Soutenue par de nombreuses femmes et de nombreux groupes féministes, elle a mis la lumière sur la soumission chimique et sur les monstruosités commises par des hommes ordinaires sur une femme ordinaire. Elle nous a montré que les auteurs de violences sexuelles sont des hommes en apparence banale, issus de tous milieux socio-professionnels et de toutes les classes sociales.

Gisèle Pélicot a levé le huis clos pour nous inviter, en tant que société, à nous saisir des débats qui se sont tenus lors du procès et à regarder notre société en face.

Digne et forte, elle a été la porte-voix de toutes les femmes et de toutes les victimes d’un système de domination : le patriarcat.

On a cherché à la discréditer, à l’humilier, à questionner son consentement, considérant pour certains agresseurs que celui de son mari suffisait. La culture du viol aura résonné tout au long de ce procès. Mais Gisèle Pélicot a tenu et elle a vaincu. Pour elle et pour toutes les autres.

Car si l’affaire Pélicot est extraordinaire par son horreur, elle l’est aussi par la présence de nombreuses preuves matérielles : 20 000 images. Les faits ne pouvaient être niés. Or, nous souhaitons rappeler qu’en France 94% des viols déclarés sont classés sans suite, considérés comme « insuffisamment caractérisés ».

« Les victimes de l’ombre », comme les appelle Gisèle Pélicot, sont trop souvent seules face à un système judiciaire inadapté. Lorsque l’on s’alarme du fait que seulement 6% des victimes de violences sexuelles portent plainte en France, et que seul 1% des plaintes pour viol aboutit à une condamnation, il nous faut repenser notre justice et notre société. Elles doivent être plus protectrices des victimes.

Nous exigeons que les 5,4 milliards d’euros nécessaires pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles soient alloués dans le prochain projet de loi de finances.

Nous demandons une loi-cadre contre les violences sexistes et sexuelles et une réorganisation en profondeur de la justice pour lutter activement contre ces violences systémiques et apporter des réponses visibles, cohérentes et efficaces à ce problème immense.

Les sénatrices CRCE-K membres de la Délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes, Marie-Claude Varaillas et Evelyne Corbière Naminzo, saluent Gisèle Pélicot pour son combat, sa force, sa dignité et la remercient pour son engagement et son courage.

Si la lutte contre le patriarcat est longue, son combat n’a pas été vain. Nous nous associons à ses propos et nous croyons également « en notre capacité à saisir collectivement un avenir dans lequel chacun, femme et homme, puissent vivre en harmonie dans le respect et la compréhension mutuelle ».

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