Lorsqu’ils ont demandé et obtenu la création d’une commission d’enquête sénatoriale sur l’utilisation du Crédit d’impôt recherche, les sénateurs du groupe CRC étaient loin d’imaginer qu’ils s’attaquaient à ce qui allait se révéler être un véritable mur du silence.
La démarche était pourtant parfaitement justifiée : puisque le gouvernement explique tous les jours que les caisses de l’État sont vides et qu’il est indispensable de faire des économies, commençons donc par voir si l’argent dépensé l’est utilement ! Et regardons là où l’on a pas l’habitude de regarder, ailleurs que dans les poches des chômeurs.
De ce point de vue, le CIR est tout à fait exemplaire. Parce qu’il pèse d’un poids considérable : son montant, plus de six milliards d’euros, bientôt sans doute neuf, en fait une des principales niches fiscales du budget. Parce qu’aussi, tout le monde l’admet, on ignore sa réelle efficacité. Évaluer un tel dispositif semblait dès lors relever du simple bon sens.
Mais il est vite apparu, bien que salués unanimement pour leur qualité et leur sérieux, que les travaux de cette commission dérangeaient, tout comme la pugnacité de sa rapporteuse, Brigitte GonthierMaurin. Jusqu’à ce coup de théâtre, le 11 juin dernier : le rejet du rapport de la commission, par une coalition de circonstance réunissant sénateurs de droite et sénateurs socialistes, entraînant de facto sa non-publication.