Nous ne renonçons pas, nous ne lâchons rien

Pacte de responsabilité

Publié le 3 mars 2014 à 12:07 Mise à jour le 19 juin 2023

Editorial paru dans le numéro 88 d’Initiatives.

« Cela semble toujours impossible, jusqu’à ce qu’on le fasse ». Ces paroles de Nelson Mandela sont des paroles d’espoir notamment pour toutes celles et ceux qui s’engagent, qui résistent et se rassemblent pour participer à la construction d’une vie meilleure, mais, plus largement, pour toutes celles et ceux qui ne renoncent pas malgré leur déception. Mais soyons lucides : si aujourd’hui on n’est pas adhérent du MEDEF, on a du mal à se réjouir et à espérer un changement dans nos vies.

De cadeaux en cadeaux, le MEDEF impose sa règle et rien ne vient freiner sa loi d’airain. Avec le pacte de responsabilité, le Président de la République et son gouvernement prennent une lourde responsabilité. Pas simplement en raison de l’absence de contreparties. Mais parce que ce pacte est d’essence libérale et que, par le passé, ces politiques ont fait la preuve de leur échec. La droite, le patronat s’engouffrent dans cette brèche largement ouverte par le pouvoir pour, au nom de la compétitivité, demander encore plus : plus de flexibilité, plus de baisse du coût du travail, plus de durcissement des règles d’indemnisation des chômeurs…

Pourtant, à l’heure où les règles libérales ont plus de poids que la voix de millions de personnes ; à l’heure où les riches sont toujours plus riches et que le nombre de personnes pauvres ne cesse de croître, il y a urgence à changer cela. 21 mois après l’élection de François Hollande, nous estimons que la rupture tant attendue avec la politique de Nicolas Sarkozy n’est pas au rendez-vous.

L’histoire est en perpétuel mouvement, mais il n’y a pas de déterminisme ; le progrès n’est pas forcément l’étape suivante. Ce peut être la régression, voire le retour d’une forme de barbarie. À l’heure où l’extrême droite revêt ses habits les plus hideux, celle de l’antisémitisme abject, du rejet de l’autre, de ses différences, d’une extrême droite antirépublicaine et violente qui s’attaque aux femmes, à leurs droits, qui s’attaque à l’école par le biais d’un sexisme indécent et d’une soi-disant théorie du genre, il y a urgence à relever des défis en apportant enfin les réponses attendues par le peuple. Mais si la gauche se confond avec la droite sur des questions essentielles, il sera difficile d’empêcher le rejet du système par une large majorité de nos concitoyens. C’est vrai sur la politique nationale, mais c’est vrai aussi à propos de l’Europe. Il n’y a pas de pensée unique européenne. Une Europe sociale du service public, une Europe au service des peuples et non plus des marchés peut se construire.

Les sénatrices et sénateurs du groupe CRC sont inquiets face à l’évolution de notre société, de notre démocratie. Mais ils sont aussi inquiets de l’évolution en Centrafrique ou encore en Ukraine. À celles et ceux qui s’agacent de nos votes, notamment au sein de la majorité sénatoriale de gauche, je réaffirme ici que notre « boussole » politique n’a pas changé ; nous soutenons les textes de progrès, nous nous opposons aux dispositions d’inspiration libérale sans renoncer à faire valoir des propositions alternatives.

Nous participons activement à tous les débats sur les textes présentés par le gouvernement ou des parlementaires. Nous déposons des propositions de loi comme celles demandant l’instauration d’un moratoire sur les fermetures d’hôpitaux ou les projets de regroupement ; pour renationaliser les autoroutes ; pour extraire du fichier ADN les salariés en lutte ; pour favoriser une exploitation cinématographique indépendante, etc. Et, après les importantes commissions d’enquête sur l’évasion fiscale, nous avons demandé et obtenu la création d’une mission d’information sur la réalité de l’impact sur l’emploi des exonérations de charges sociales accordées aux entreprises.

En ne renonçant pas, en ne lâchant rien, les sénatrices et sénateurs du groupe CRC se mettent au service de la construction d’une véritable alternative de gauche.

INITIATIVES_88.pdf

Éliane Assassi

Sénatrice de Seine-Saint-Denis - Présidente du groupe CRCE
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