Pour une construction européenne enfin démocratique

Elections européennes

Publié le 13 mai 2014 à 15:32 Mise à jour le 19 juin 2023

Editorial paru dans Initiatives n° 89.

A moins d’un mois des élections européennes, la campagne n’a jamais été aussi confidentielle. Certes, l’Union européenne n’a pas réussi à faire d’autre démonstration que la construction d’un marché unique dont seuls les grands groupes industriels et financiers ont tiré profit. Privatisations, casse des services publics, développement du chômage, dumping social et fiscal et aujourd’hui développement de politiques austéritaires constituent le quotidien de nos concitoyens.

Loin de favoriser le développement de coopérations utiles entre les 28 pays qui composent l’Union, c’est au contraire la mise en concurrence des peuples et des territoires qui est organisée. Dans ce contexte, le Parlement européen ne paraît pas avoir les moyens ou la volonté d’infléchir les décisions d’une Commission toute puissante. Le fossé entre les institutions européennes et les citoyens n’a jamais été aussi grand : il est devenu un gouffre. Pourtant les citoyens ont su s’emparer de sujets capitaux dans l’histoire de la construction européenne.

Rappelons-nous les débats passionnés lors du Traité de Maastricht ou lors du référendum pour le traité constitutionnel européen (TCE). Les électeurs ont su faire alors entendre leur voix pour la construction de l’Union européenne. Le déficit démocratique que nous connaissons actuellement prend ses racines, justement, dans l’issue de ces combats. Car comment demander aux citoyens de se remobiliser quand leur voix a été régulièrement bafouée ? En effet, malgré le rejet du TCE, le Parlement français a voté très majoritairement le traité de Lisbonne, copie conforme du projet, tout comme le traité budgétaire européen Sarkozy-Merkel, pourtant dénoncé par le candidat Hollande. Ainsi les électeurs ont l’impression d’être pieds et mains liés à Bruxelles, et qu’aucune autre voix que celle d’une Europe du moins-disant n’est possible. Nous proposons au contraire de renégocier les traités, d’insuffler l’envie du débat, celle d’avancer vers une Europe solidaire et progressiste.

Les enjeux des élections européennes sont énormes. Il ne faut pas laisser la voie libre à l’extrême-droite qui se contente de dénoncer « l’immigration », qui prône la sortie de la zone euro ou même de l’Europe. Ni à ceux qui vantent un improbable retour à l’Europe à six ou encore ceux qui, à gauche, font croire qu’ils constitueraient une majorité alternative au niveau européen alors même qu’ils ont toujours soutenu les directives ultralibérales. Si nous voulons que la démocratie souffle à nouveau en Europe, il est d’abord nécessaire d’informer les citoyens des véritables enjeux. C’est le cas du projet d’accord transatlantique négocié en secret. Celui-ci vise à supprimer toutes barrières non-tarifaires ou tarifaires et surtout à libéraliser totalement l’économie.

C’est une véritable menace pour les droits sociaux et l’emploi, l’environnement, l’agriculture, les droits civiques et la vie privée, la santé, la régulation financière et la démocratie. Alors le 25 mai, avec les candidats du Front de Gauche, défendons une autre Europe : celle qui entend les peuples et agit pour le progrès humain, d’abord !

initiatives89.pdf

Michel Billout

Ancien sénateur de Seine-et-Marne
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