L’interpellation est signée Ivan Renar, ce jeudi 14 mai, et elle s’adresse au Premier ministre à l’occasion de la traditionnelle séance des questions d’actualité au gouvernement : « Quand allez-vous ouvrir de véritables discussions et concertations pour que les universités françaises puissent retrouver le calme nécessaire à l’accomplissement de leur mission de production et de transmission des connaissances ? » Depuis plusieurs jours, le gouvernement a choisi de faire porter la responsabilité de l’enlisement du conflit des universités sur les seules épaules des opposants à sa réforme. Avec un argument massue à la clé : les quelques blocages qui persistent mettent en péril l’organisation des examens qui approchent... Une tactique classique, utilisée par tous les pouvoirs confrontés à un mouvement lycéens ou universitaires et qui se découvrent soudain une grande empathie pour les étudiants. Mais une tactique relevant de la mauvaise fois la plus caricaturale qui soit, comme le soulignent les élus du groupe CRC-SPG, le gouvernement étant à leurs yeux le premier responsable de la situation. « Chronique d’une crise annoncée : c’était, le 5 janvier dernier, l’intitulé de la lettre que la Conférence des présidents d’université a adressée au Président de la République avant même que ce dernier ne prononce, le 22 janvier, ses propos méprisants à l’égard de la communauté scientifique nationale, rappelle d’abord Ivan Renar. La CPU faisait alors état de la vive inquiétude régnant sur les campus quant à la faiblesse des financements d’Etat parvenant réellement aux universités et à la mise en oeuvre de la loi relative aux libertés et responsabilité des universités dans un contexte de suppressions de postes et de remise en cause des statuts des personnels. » On connait la suite... Et après plusieurs semaines de conflit, poursuit le sénateur du Nord, « le gouvernement demeure sourd aux revendications exprimées par les syndicats et les collectifs représentant les communautés scientifique et estudiantine. Pire encore, la stigmatisation, la dramatisation et les provocations verbales renforcent l’incompréhension et l’exaspération, jettent de l’huile sur le feu et compromettent le dialogue qu’il conviendrait de mettre en place, en urgence, afin de donner un nouveau souffle à l’enseignement supérieur et à la recherche du pays. En misant sur le pourrissement du conflit, le gouvernement prend la responsabilité de fragiliser durablement les universités françaises. Il est pourtant grand temps de créer les conditions pour que tous les étudiants puissent valider leur année. Redisons-le : l’université de demain ne se fera pas contre les étudiants, les enseignants-chercheurs, les personnels IATOS. Promouvoir l’autonomie ne peut s’accompagner d’un manque total de confiance à l’égard des acteurs et usagers des universités ». Réponse de François Fillon : « Le gouvernement n’acceptera pas que l’on remette en cause une réforme qui est absolument fondamentale pour l’avenir de l’université. »
Universités : le gouvernement a misé sur le pourrissement du conflit
Publié le 1er juin 2009
à 11:19
Mise à jour le 8 avril 2015