Quand les entreprises se transforment en machines à broyer les êtres humains

Publié le 1er octobre 2009 à 09:46 Mise à jour le 8 avril 2015

Seulement des drames personnels ? Si une part d’insondable demeure dans tout suicide, l’explication est un peu courte quand plusieurs dizaines de salariés de grandes entreprises décident de mettre fin à leurs jours, la plupart du temps sur les lieux mêmes de leur travail.

Comment alors ne pas pointer du doigt la recherche permanente du profit, et les méthodes de management qui vont avec, causes évidentes de ces drames ? C’est ce qu’a fait Guy Fischer le 17 septembre dernier lorsqu’il a interrogé le gouvernement lors d’une séance de questions d’actualité, en faisant notamment référence aux 23 suicides comptabilisés à cette date chez France Télécom depuis février 2008, quelques jours avant qu’un vingt-quatrième salarié ne se jette d’un viaduc en Haute-Savoie.

« Seule une souffrance extrême au travail peut pousser des hommes et des femmes à commettre ainsi l’irréparable. Il n’est pas acceptable de s’en tenir à la thèse bien commode des drames personnels. M. Lombard, PDG de France Télécom, a dépassé les bornes en évoquant une mode du suicide. Ce n’est pas une erreur de langage, mais bien l’inhumanité du capitalisme qui transparaît dans de tels propos. Face à ce dés- astre économique et social, les propositions du gouvernement ne nous satisfont pas. Ce ne sont pas les numéros verts, les cellules d’écoute et autres observatoires du stress qui feront disparaître la violence au travail. Au contraire, ces dispositifs sont des écrans de fumée qui tentent de masquer la réalité : celle des entre- prises transformées en machines à broyer les êtres humains. Cette violence au travail est démultipliée par le choix de la privatisation de la logique financière qui prime sur celle de l’intérêt général. Cette violence, c’est la loi des actionnaires qui écrase les salariés, qui méprise les usagers. Ce qui compte pour M. Lombard, c’est l’augmentation de l’action France Télécom, et certainement pas la santé de ses employés. »

Et si l’on veut vraiment essayer de mettre un terme à cette hécatombe meurtrière, a poursuivi le sénateur du Rhône, « il est plus que temps d’en finir avec cette logique de recherche du profit maximum, son cortège de restructurations, de plans sociaux. Il faut dire stop à ces dirigeants qui s’enrichissent de manière indécente, en érigeant le harcèlement moral en règle de management et réduisent les syndicalistes au silence. Pour mettre un terme à cette spirale infernale, une intervention ferme de l’État, premier actionnaire de France Télécom, s’impose de toute urgence. Il faut, bien sûr, renforcer la réponse sociale, mais il faut, avant tout, Madame la Ministre, stopper la restructuration libérale, stopper la folie financière qui brise les hommes. Et cela, c’est votre responsabilité.Un an après le début de la crise financière, il n’est que temps de rappeler que l’économie doit servir le développement humain. Il faut ramener de grandes entreprises comme France Télécom, mais aussi GDF-SUEZ, au service de la Nation, de l’épanouissement de leurs salariés. »

Guy Fischer

Ancien sénateur du Rhône

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