Le grand emprunt va surtout gonfler les profits

Publié le 1er avril 2010 à 11:47 Mise à jour le 8 avril 2015

à quoi serviront les 35 milliards du grand emprunt national lancé par le gouvernement ? A enrichir les entreprises les plus riches, répondent en substance les sénateurs du groupe CRC-SPG. Et pas vraiment à l’emploi. Approuvé par la majorité sénatoriale à la mi-février lors de l’examen de la loi de finances rectificative pour 2010, dont il constitue la principale disposition, ce grand emprunt à de quoi réjouir les banquiers et les gros actionnaires. Explication de Bernard Vera, sénateur de l’Essonne : « Pour notre part, nous nous interrogeons non pas sur le montant du grand emprunt, mais plutôt sur l’utilisation des fonds obtenus. Outre qu’il va servir à financer des projets déjà lancés pour une bonne part, il fera supporter par le budget général de l’État des dépenses de recherche et de développement que les entreprises refusent d’assumer. En clair, cet emprunt n’est qu’une énième déclinaison du principe « privatisation des profits, socialisation des pertes » qui sous-tend les politiques libérales autoritaires de par le monde.

Avec le grand emprunt, nombre de politiques publiques essentielles - dans les domaines de l’énergie, des transports et des nouvelles technologies - dépendront dangereusement du seul bon vouloir des entreprises leaders du secteur. De plus, il risque fort d’orienter les travaux des établissements de recherche vers les projets susceptibles de bénéficier d’un financement, au détriment des autres. Par ailleurs, il y a fort à parier que les engagements pris en matière de recherche dans le cadre du grand emprunt serviront à justifier, dans les années à venir, une réduction des dépenses publiques d’équipement et l’extinction programmée du budget civil de recherche et développement. Le gouvernement ne lance aujourd’hui ce grand emprunt que pour mieux réduire demain ses dépenses, l’objectif étant de venir au secours de la rentabilité d’opérateurs choisis... Il serait tout de même dommage que les 500 millions d’euros prévus pour la numérisation documentaire ne servent qu’à assurer les bénéfices de Google ! Voilà pourtant bien ce que l’on nous propose aujourd’hui. » Une philosophie qui est à vrai dire la marque du gouvernement, ce collectif budgétaire s’inscrivant, selon les sénateurs communistes, dans le droit fil des choix économiques opérés depuis 2007. Avec les conséquences que l’on connaît.

« Dans la France de 2010, on continue de licencier pour assurer la rentabilité des investissements et le niveau des dividendes, a déploré pour sa part Thierry Foucaud, sénateur de Seine-Maritime. On se sert même parfois des concours de l’État pour monter des plans sociaux sur fonds publics. Lorsque l’on considère le rôle du Fonds stratégique d’investissement dans les affaires Nexans ou Trèves, par exemple, on se dit qu’il y a décidément quelque chose qui ne va pas dans la politique industrielle de ce gouvernement. Mes chers collègues, si nous étions vraiment sortis de la crise, nous n’aurions sans doute pas constaté la chute libre des mises en chantier de logements neufs, sociaux ou pas, que nous avons observée en 2009, ni l’essoufflement des ventes de voitures neuves, malgré les incitations publicitaires que ne manquent pas de multiplier les constructeurs. Et nous n’aurions sans doute pas à déplorer non plus le fait qu’un million de chômeurs ayant épuisé tout droit à indemnisation seront appelés à basculer, dans le courant de l’année, sous le régime du revenu de solidarité active.

Au-delà de l’indécent discours de certains membres de la majorité qui considèrent qu’un million de chômeurs en fin de droits sur l’année, ce n’est jamais que 150 000 chômeurs de plus par rapport aux autres années, la vérité nous impose de dire que la gestion des situations difficiles va être transférée aux collectivités territoriales, aux départements en particulier, sans que les moyens nécessaires soient prévus pour compenser les dépenses nouvelles. Ensuite, il se trouvera toujours un sémillant porte-parole de l’UMP pour critiquer la folie fiscale des gestions locales de gauche, sans considérer plus avant la réalité. »

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