Lettre au ministre des Affaires Etrangères
Je reçois des informations très préoccupantes de Turquie. Le gouvernement de Monsieur Erdogan mène une politique répressive sans précédent contre l’opposition, notamment l’opposition kurde. Cela m’a encore été confirmé par une délégation qui vient de se rendre sur place.
Les arrestations sont massives et la liste croît chaque jour. Depuis 2009, neuf mille Kurdes ont été incarcérés.
Le gouvernement turc n’hésite pas à s’en prendre aux élus du peuple. Six mille deux cents membres du BDP sont emprisonnés, parmi eux une centaine d’élus, des maires, des conseillers régionaux, municipaux et même des députés censés bénéficier de l’immunité parlementaire. La commission des droits de l’Homme de l’Union Européenne s’est elle-même émue de ces atteintes à la démocratie.
Parmi les détenus, on compte de très nombreux journalistes. Selon les organisations de droits de l’Homme, on compte même des centaines d’enfants ; c’est absolument intolérable.
Des opérations récentes contre le KCK, organisation qui agit pourtant pour une démocratie respectueuse des minorités et des droits individuels, ont conduit à l’arrestation d’avocats, de syndicalistes, d’étudiants et d’intellectuels dont la constitutionnaliste Bursa Ersanli et l’éditeur Ragip Zarakolu.
En outre, l’armée turque se livre depuis des mois à des bombardements contre les bases de la résistance populaire kurde à la frontière irakienne, faisant d’innombrables victimes civiles comme celles d’Uludere.
Enfin, les militaires turcs n’hésitent plus à utiliser des armes proscrites par les conventions internationales comme en témoignent les trente-quatre corps atrocement mutilés déposés à la morgue de Malatya.
Ce que revendiquent les Kurdes, c’est la reconnaissance de leurs droits politiques et culturels niés par les autorités d’Ankara. Ils ont clairement opté pour une voie pacifique en proposant une autonomie démocratique.
Les atteintes à leurs libertés fondamentales doivent cesser et la répression en cours doit être condamnée fermement. J’exprime pour ma part mon soutien à toutes les personnes qui en sont les victimes.
Je me permets de vous solliciter, Monsieur le Ministre. Je pense en effet que la France et l’Union Européenne doivent contribuer à ce que soit trouvée une solution politique à la question kurde. L’urgence grandit chaque jour.
Je souhaite que vous me donniez toutes assurances en ce sens et je vous en remercie par avance.