Aidons-nous nous-mêmes !

Chronique parue dans Liberté Hebdo.

Cette maxime pourrait parfaitement s’appliquer à la situation de la Grèce aujourd’hui. La Banque Centrale Européenne, le Fonds Monétaire International et la Commission de Bruxelles, on les appelait il y a peu la « Troïka » mais ce nom gênant disparait du langage curieusement (l’aviez-vous remarqué ?), s’acharnent pour exiger que le gouvernement grec tienne ses engagements, comprenez ici « Remboursez vos dettes ! » Souvenez-vous le 25 janvier dernier le peuple grec décidait de changer la donne politique et installait au gouvernement des hommes et des femmes qui s’étaient engagés à tourner le dos à l’austérité.

Les dirigeants européens furent aussitôt saisis d’une grande crainte, non seulement que la Grèce ne paye pas ses dettes mais en plus qu’elle fasse la preuve qu’une autre politique est possible. Jean-Claude Juncker est même allé jusqu’à dire : « Il y a les élections mais il y a aussi le respect des Traités européens ». Autrement dit vote toujours, ton argent m’intéresse. On se demande si dans les campagnes électorales il ne sera pas demandé un jour aux candidats et partis politiques de faire valider leurs programmes par la Commission de Bruxelles, comme le gouvernement le fait déjà avec le budget de la France avant même qu’il soit soumis à la discussion du Parlement en fin d’année.

Pendant que l’on réclame à la Grèce de réduire encore le niveau de la pension de ses retraités, la Banque Centrale Européenne a décidé en début d’année d’injecter chaque mois dans les circuits financiers européens 60 milliards d’euros entre mars 2015 et septembre 2016, ils appellent cela l’assouplissement quantitatif (Quantitative easing en anglais), le but étant de relancer une économie en quête de « reprise »... pour l’instant ça ne marche pas fort, il paraît qu’il n’y a pas de demande, ni côté entreprises ni côté particuliers, mais l’argent arrive bien dans les banques cependant, certains économistes parlent même d’un risque de nouvelle bulle financière du fait de cette accumulation de capitaux.

Alors 60 milliards d’euros par rapport à ce que la Grèce doit rembourser à la fin de ce mois : 1,7 milliard, ça permet de relativiser la situation grecque, et si la BCE continuait à transgresser ses propres règles en prêtant directement aux Etats ? Ah non c’est contraire au Traité de Maastricht, diront les experts. Et pourtant ça aiderait la Grèce dans ce cap difficile... En fait en aidant la Grèce nous nous aiderions nous-mêmes !

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