Le gouvernement doit enfin mettre en place de véritables pré-recrutements

Je viens d’apprendre que, par une circulaire en date du 22 juin adressée aux Universités, le Ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, a décrété la fin du recrutement des emplois d’avenir professeur (EAP) à compter de la rentrée 2015 !

Cette décision, prise en catimini, pose problème. D’abord sur la forme, car elle intervient alors même que le délai limite fixé aux étudiants désireux de postuler pour un EAP à la rentrée 2015 avait été fixé au 18 juin.

Sur le fond, elle intervient sans qu’un bilan n’ait été publié, bilan que nous avions réclamé, la première cohorte de ce dispositif lancé à la rentrée 2013 passant les concours enseignants cette année.

Si je ne connais pas les raisons précises avancées pour l’abandon des EAP – EAP que nous avions fortement critiqués au moment du vote de la loi sur les emplois d’avenir car ils ne constituaient pas de véritables pré- recrutements permettant aux étudiants de préparer dans de bonnes conditions leur concours pour le réussir - cette décision augure mal des prochains arbitrages budgétaires pour 2016.

En effet, le décret du 9 juin 2015 portant annulation de crédits a déjà supprimé au sein de la mission « Enseignement scolaire » 11 millions d’euros sur le programme 230 « Vie de l’élève » grâce notamment « au recentrage du dispositif des emplois d’avenir professeur à la rentrée 2015 » et 11 autres millions sur le programme 214, « Soutien de la politique de l’éducation nationale », notamment aussi « grâce au recentrage du dispositif des emplois d’avenir professeur à la rentrée 2015 ».

Le « recentrage » évoqué concerne certainement le nouveau « master en alternance » que le Ministère souhaite lancer dans les académies déficitaires comme Créteil ou Versailles. Des académies qui accueillaient déjà la majorité des EAP. Reste que remplacer des EAP par des « masters en alternance » en conservant le principe qui consiste à utiliser les étudiants en formation comme des moyens de remplacement en les plaçant en responsabilité d’une classe risque de conduire au même échec. Et ce alors que la crise de recrutement des enseignants perdure dans un contexte de hausse démographique des élèves.

Une fois encore, j’en appelle au Gouvernement pour qu’il accepte enfin de mettre en place de véritables pré-recrutements - dont j’avais détaillé les modalités possibles dans mon rapport d’information sur le « métier d’enseignant » en 2011 - afin d’être en mesure de répondre aux enjeux de démocratisation qui se posent à notre système éducatif.

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