L’école est finie...

Billet paru dans Liberté Hebdo.

Voilà juillet revenu avec ses chaleurs, le Tour de France, les centres de loisirs, autant de signes qui nous indiquent que l’année scolaire est terminée. Elèves et enseignants vont prendre des vacances bien méritées. L’école occupe dans la vie de chacun d’entre nous une place essentielle, nous y avons tous fait un passage, avec plus ou moins de réussite mais, soyons-en sûrs, avec des souvenirs très précis. Nous attendons tous beaucoup de l’Education Nationale tant nous savons à quel point ces années d’enseignement sont déterminantes. Certains chercheurs vont jusqu’à dire que « tout se joue à l’école » !

Je pense que cela serait oublier que l’école seule, indépendamment du travail considérable de ses 800 000 enseignants, ne pourra remédier aux inégalités profondes qui caractérisent notre société dite moderne. Cette situation n’est pas nouvelle mais on pouvait espérer qu’au début du XXIème siècle, les écarts se seraient résorbés, or il n’en est rien. Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron dans leur ouvrage « Les Héritiers » paru en 1964 avaient bien analysé ce phénomène qu’ils avaient appelé « le mécanisme de la reproduction sociale », selon que vous êtes enfant d’ouvrier ou de médecin vos chances de réussite scolaire ne sont pas les mêmes…

Aujourd’hui les discriminations sociales se doublent parfois de discriminations territoriales, elles sont fortes et réelles, les élites se reproduisent, 5% des élèves entrant en sixième accèdent aux Classes Préparatoires aux Grandes Ecoles, environ 110 000 chaque année.

Entre 1940 et 1970 cette probabilité d’accès était de 20% pour les enfants d’enseignants ou de professions libérales, 5% pour ceux issus des classes moyennes et 1% pour les enfants d’ouvriers qualifiés, ouvriers rappelons-le qui n’ont pas disparu. En 1950 parmi les étudiants entrés à Polytechnique, l’ENA, l’Ecole Normale Supérieure ou HEC, 29% étaient d’origine « populaire », en 1990 ils n’étaient plus que 9%. En cette période de crise durable, pour la majorité des gens, le phénomène ne fait que s’amplifier.

Quand je me rends au Sénat, sortant de la station de métro « Odéon », se dresse la statue de Danton dont une citation magnifique figure sur le socle, elle date du 13 Août 1793, à l’occasion d’un discours prononcé devant la Convention :
« Quand vous semez dans le vaste champ de la République, vous ne devez pas compter le prix de la semence ! Après le pain, l’éducation est le premier besoin du Peuple ».
Vive le 14 Juillet !

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