Trois fois la dette grecque dans l’évasion fiscale !

Billet paru dans Liberté Hebdo.

J’aurais aimé dans cette période estivale aborder des sujets un peu plus légers, mais l’actualité me pousse à remettre à plus tard ce projet, chacun l’aura compris, impossible de ne pas évoquer ici la situation faite à nos amis grecs.

Le Parlement à Athènes a validé les propositions à l’UE faites par le gouvernement d’Alexis Tsipras, qui constituent cependant des efforts considérables. Bruxelles en veut encore plus, le week-end dernier, à tel point que l’on se demande de quel côté est la surenchère irresponsable !

La semaine dernière j’ai été invité à participer sur Public Sénat à un plateau en direct pour réagir à l’intervention de Tsipras au Parlement Européen et aux réactions des différents groupes politiques. J’’ai été scandalisé par le ton agressif et les propos intolérables tenus à l’endroit du Premier Ministre grec, par Guy Verhofstadt, ancien Premier Ministre de Belgique, qui indiquait à Alexis Tsipras les réformes qu’il devait appliquer dans son pays, lui un homme politique qui cumule une dizaine de mandats et perçoit 220 000 euros par an en dehors de ses revenus parlementaires, c’est dire si l’austérité pour les autres il connaît ! Mais j’arrête là on va me taxer de « populisme »... Je pourrais citer dans le même ordre d’idées, Manfred Weber, eurodéputé allemand et Nigel Farage, nationaliste britannique qui se sont autorisés à faire la leçon à la Grèce.

Ce ton en dit long sur le respect de la démocratie en Europe, à l’heure où ces lignes sont écrites, on apprend qu’un « accord » a été trouvé à Bruxelles après 17 heures de « négociations ». La Grèce bénéficiera d’une nouvelle aide financière qui devrait lui permettre de ne pas sortir de l’euro mais les « réformes » exigées sont lourdes. Ni trahison, ni capitulation dans mon esprit, simplement l’expression d’un rapport de forces très déséquilibré dans cette union désormais en lambeaux, dominée par les banquiers, verrouillée par les Traités imposés aux peuples et une crise sévère qui peut mener au repli sur soi des individus comme des peuples !

L’économiste américain Joseph Stiglitz décrit cette phase de l’histoire européenne comme un désastre, il déclare ceci : « Les dirigeants européens et occidentaux critiquent la Grèce pour son incapacité à collecter l’impôt. Dans le même temps les occidentaux ont créé un système d’évasion fiscale mondial, et les pays avancés essaient de contrer l’effort global pour stopper l’évasion fiscale. On ne peut être plus hypocrite. » Les mots sont forts !

L’évasion fiscale, en Europe, c’est 1000 milliards d’euros perdus par les Etats chaque année, 3 fois la dette de la Grèce ! Le dossier grec a aussi posé ces questions-là, travaillons ensemble à ce que les peuples exigent de Bruxelles la même détermination, la même force, la même énergie pour combattre l’évasion fiscale que celles qui ont été déployées pour mettre au pas austéritaire la démocratie grecque. Il se dit que Jean-Claude Juncker, le luxembourgeois, serait prêt à prendre la tête de cette bataille.

Là aussi, M. Juncker, nous exigeons des engagements fermes et surtout des actes !

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