Claude Cabanes

Chronique parue dans Liberté Hebdo.

Un titre très inhabituel pour le billet de cette semaine, un nom, un prénom et beaucoup de tristesse. Claude Cabanes, journaliste, nous a quittés à quelques jours de la Fête de l’Humanité.

Je souhaitais tirer un ultime coup de chapeau à cette plume hors du commun de notre quotidien national. Nous avions tous plaisir j’en suis sûr à lire ses éditoriaux brillants, ciselés et puissants, écrits dans une langue magnifique.

Chaque éditorial de Claude portait un souffle et une hauteur incroyables, c’est par ses textes que ma lecture du journal commençait, j’en ai gardé plusieurs et je voudrais cette semaine en citer un qu’il avait écrit dans le journal du 21 juin 2013, il l’avait intitulé : « L’irrespirable », d’une actualité vive. Relisons-en de larges extraits :

« Chaque jour les événements, les hommes, les mots, les choses, ici ou là, les uns ou les autres polluent lourdement l’air dont nous avons besoin. Les affaires Tapie et Cahuzac après d’autres, n’en finissent pas de soulever le cœur. Et l’on découvre stupéfait grâce au courage, à la ténacité et à la lucidité de certains magistrats, les reptations d’une véritable caste qui occupe certains centres de décision de la société... à l’intérieur même de ce dispositif c’est comme si tous les chiens étaient lâchés : une « bande organisée » navigue d’un palais de la République à un consortium bancaire, fait son nid sans scrupules dans les états-majors politiques des partis au pouvoir (remarquable émulation de cette voyoucratie en costard cravate immatriculée PS ou UMP, c’est égal...). Ces « intouchables » cyniques vont et viennent d’un cabinet ministériel aux alcôves du CAC40 -et retour- sans état d’âme... ils pourrissent la République de l’intérieur. Ils sont à la fois les enfants de la décomposition elle-même. L’ennui, c’est que dans l’histoire, ces castes de vaches sacrées entraînent des catastrophes... »

Style, élégance, respect profond des lecteurs, tout y est. Pas une virgule à retirer à ces propos. Bravo l’artiste ! Adieu !

Nous restent tes écrits... notre combat commun continue, inlassablement.

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