Nous condamnons fermement cet attentat, qui n’est que l’aboutissement du climat de violence organisée

Nous condamnons fermement cet attentat, qui n'est que l'aboutissement du climat de violence organisée - Conseil européen des 15 et 16 octobre 2015 : Turquie (Friedemann W.-W. - https://flickr.com/photos/e2/)

Monsieur le secrétaire d’État, le président de la Turquie a refusé les résultats des dernières élections, qui l’ont privé de sa majorité absolue au Parlement, notamment en raison du score important du HDP, lequel a obtenu quatre-vingts députés. M. Erdogan a ainsi convoqué des élections législatives anticipées.

Or la campagne électorale se déroule dans un climat d’une extrême violence, notamment à l’égard des progressistes et des Kurdes, auxquels M. Erdogan a clairement déclaré la guerre : bombardements des bases du PKK, qui, pourtant, combat Daech, raids et attaques de l’armée et de la police dans des villes kurdes, arrestations massives d’élus du HDP, dont sept maires, de journalistes, d’avocats, mais également d’enfants.

En cinq mois, le pays a basculé treize ans en arrière, renouant avec ses vieux démons.

Et, samedi, nous avons malheureusement dû déplorer l’attentat terroriste le plus meurtrier de l’histoire de la Turquie moderne. Le gouvernement turc a réagi en accusant les victimes, en interdisant aux médias de couvrir convenablement l’attentat et en bloquant l’accès aux réseaux sociaux.

Les élus du groupe communiste républicain et citoyen condamnent fermement cet attentat, qui n’est que l’aboutissement du climat de violence organisée. Ils demandent à l’Union européenne d’intervenir auprès du gouvernement de la Turquie pour que cessent les atteintes aux droits de l’homme, pour que cesse la guerre contre les Kurdes et les progressistes et pour que soient assurées des élections dans le respect de la démocratie.

Monsieur le secrétaire d’État, la France a noué des relations fortes avec la Turquie, avec laquelle elle a même signé un accord de coopération en matière de police et de sécurité. Son action peut donc être utile.

Le Gouvernement compte-t-il agir sur le plan diplomatique pour que les négociations visant à réengager un processus de paix, seule solution viable en Turquie, puissent reprendre ? (MM. Jean-Yves Leconte et Simon Sutour applaudissent.)

M. Simon Sutour. Très bonne question !

M. le président. La parole est à M. le secrétaire d’État.

M. Harlem Désir, secrétaire d’État. Monsieur le sénateur, en préambule, alors que la Turquie vient d’être frappée par de terribles attaques terroristes, je veux exprimer la solidarité du Gouvernement avec les victimes de l’attentat d’Ankara et avec ce pays, qui a à lutter contre ce terrorisme.

Nous pensons que la Turquie est un acteur très important dans la stabilisation de la région. Nous souhaitons évidemment que les élections qui ont été convoquées se déroulent dans le calme, dans le respect de chaque expression, bref, dans un climat démocratique.

Nous souhaitons également que le partenariat entre l’Union européenne et la Turquie permette d’adopter un plan d’action qui nous aide à répondre à la crise des réfugiés et permette à la Turquie de mieux accueillir et de mieux intégrer les réfugiés syriens aujourd’hui présents sur son territoire.

Si beaucoup de ces réfugiés ont été accueillis non pas dans des camps, mais dans des communautés, ils sont confrontés à un certain nombre de problèmes, notamment parce que la législation turque ne leur permettait pas jusqu’à présent de travailler. La Turquie a certainement besoin d’être aidée pour permettre une meilleure intégration de ces réfugiés.

En outre, je le répète, nous souhaitons que, dans le cadre de ce plan, la Turquie prenne des mesures très fermes de lutte contre les filières de l’immigration illégale.

Par ailleurs, nous avons toujours essayé d’aider la Turquie à avoir les meilleures relations avec ses voisins, à régler les relations avec les Kurdes et à respecter les droits de toutes les composantes de la société turque. Nous souhaitons, de ce point de vue, que le processus qui avait été engagé ces dernières années puisse reprendre à l’issue des élections.

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