« Attindez mes gins, in a oublié ch’Picard ! »

Le Sénat doit, en principe, examiner le projet de loi constitutionnelle autorisant la ratification de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires le mardi 27 octobre prochain. Je dis en principe, car en commission des lois la semaine dernière la majorité sénatoriale a rejeté le texte et prévoit de déposer en séance une motion de rejet qui, si elle était adoptée, couperait court à toute discussion et il n’y aurait par conséquent pas de débat sur le fond du texte.

Évidemment d’autres considérations légitimes peuvent interférer, opposition au gouvernement, perspective de la présidentielle de 2017 (déjà et encore...), débat entre « Jacobins centralisateurs » et défenseurs de la diversité linguistique, mais je vous propose d’évacuer, si vous le voulez bien, ces aspects plus politiques...

Le 20 juillet dernier, j’adressai un courrier à l’ensemble des parlementaires des 5 départements de la nouvelle grande région Nord Pas-de-Calais Picardie afin de leur proposer, dans la perspective du débat au Parlement sur la Charte européenne des langues régionales, de prendre des initiatives visant à promouvoir le « Picard », notre socle culturel et linguistique commun au niveau national.
Plusieurs d’entre eux m’ont répondu positivement. En juin dernier un grand quotidien régional montrait dans un sondage que le premier symbole régional le plus marquant cité par nos concitoyens régionaux était le patois, la langue picarde...

Car il faut savoir que le « Picard », père du ch’ti n’est pas considéré comme une langue en tant que telle au même titre que le breton, le basque ou l’occitan, le flamand pourrait lui aussi être mieux considéré, beaucoup reste à faire sur le sujet.

Aucune visée communautariste, identitaire ou indépendantiste dans cette démarche, tout cela a lieu dans le cadre républicain cela va sans dire... Simple reconnaissance dans notre grande région d’une réalité culturelle et linguistique existant des confins de la Somme jusqu’aux alentours de Tournai chez nos amis belges. J’espère sincèrement que le débat pourra avoir lieu pour planter quelques jalons, en tous cas voici ce que j’aimerais y dire :

« Madame la Ministe (en principe cha devrot ête Christiane Taubira), mes chers collèques,

In est ichi rassimblés pour avincher dins l’reconnaissance d’chés linques régionales, savez in est gramint dins nou région à busier qu’cha s’rot rudemint amiteux ed’dire que ch’picard, le ch’ti y devrot ête arconnu comme ech breton ou bin ch’basque. In s’rot fin bénache là vas dins ch’Nord qu’euch Parlemint y donnerot sin fu vert pour quemincher ch’l’ouvrache, in tous cas nous in est prêts ichi et ailleurs ! »