Séoul multiplie les attaques judiciaires contre l’opposition de gauche et le mouvement syndical

Monsieur François Hollande
présidence de la République
55 Faubourg Saint-Honoré
75 008 Paris

Monsieur le Président de la République

Pour célébrer l’Année France-Corée 2015-2016, vous vous rendrez dès ce mercredi à Séoul, dans la foulée de votre visite en Chine.

L’Année France-Corée a en effet commencé en France en septembre dernier et se prolongera en Corée jusqu’à la fin de l’année 2016. Cette initiative marque le 130ème anniversaire de l’établissement de relations diplomatiques" entre les deux pays et vous avez souhaité "qu’elle soit l’occasion de "donner un nouvel élan au partenariat global franco-coréen".

Si l’on ne peut qu’appuyer la nécessité de renforcer les liens d’amitié entre nos deux peuples, je suis beaucoup plus circonspect en ce qui concerne les autorités de Séoul, au vu du traitement des droits de l’homme dans ce pays.

Depuis deux ans, le pouvoir multiplie les attaques par la voie judiciaire contre l’opposition de gauche et le mouvement syndical. Un cap a été franchi avec l’interdiction du principal parti d’opposition, le Parti progressiste unifié. Avec ses 100 000 militants, le PPU était une force incontournable dans la société, bien que minoritaire au Parlement, mais s’appuyant beaucoup sur la puissance des syndicats de lutte. Il avait toutefois obtenu 13 sièges parlement lors élections de 2012, dépassant la barre des 10 %.

Incarcérés, plusieurs opposants politiques suivent actuellement une grève de la faim. Parmi eux, une femme, Mme Kim, souffre d’un cancer de la thyroïde et s’est vue refuser son traitement.

Dans son rapport 2014/2015 consacré à ce pays, Amnesty International résume ainsi le fruit de ses observations : "Les droits des travailleurs étaient régulièrement bafoués. La liberté d’association n’était pas respectée, certaines actions collectives légitimes étaient interdites et les travailleurs migrants étaient exploités dans le cadre du dispositif gouvernemental prévoyant l’emploi de travailleurs étrangers.

Le gouvernement a imposé des restrictions de plus en plus sévères à la liberté d’expression, en recourant à la Loi relative à la sécurité nationale afin d’intimider et d’emprisonner les personnes critiques. La police a empêché le déroulement de manifestations pacifiques. Au moins 635 objecteurs de conscience étaient toujours en prison à la fin de l’année."

Monsieur le Président, dans ce contexte, je souhaite que cette année de rapprochement entre nos deux peuples puisse se faire sur une base de respect plus active des droits de l’homme dans ce pays, ce qui passe immanquablement par la libération des opposants, qu’il soient politiques ou issus du mouvement syndical.

Je ne doute pas que vous saurez défendre ces importantes valeurs et vous prie de croire, Monsieur le président, en l’expression de mes salutations les plus respectueuses.

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