Alors, 2016 côté finances... ça va ?

Chronique parue dans Liberté Hebdo.

J’ai commencé cette nouvelle année de la meilleure des manières en lisant un article sur mon téléphone portable le jour de l’an, oui je sais ça n’est pas raisonnable un 1er janvier, bon allez... le titre attire mon attention, sur le site de « La Tribune » : « 2015, année record pour les fusions acquisitions dans le monde », quelque 4600 milliards de dollars ont été annoncés en investissement dans ces opérations, du jamais vu depuis 1980, date à laquelle Thomson Reuters avait commencé à mesurer le marché, oui ça se mesure ça aussi. Oubliée la déprime post 2008 pour les banquiers d’affaires, une envolée l’an dernier de 41 % !

Pour illustrer ce phénomène, un exemple concret, peut-être avez-vous entendu parler en fin d’année dernière du rapprochement entre les géants américains de la pharmacie Pfizer (les producteurs du Viagra) et Allergan (eux c’est le Botox), au passage ce « rapprochement » va permettre un déplacement du siège social du nouveau groupe créé et donc un éloignement du fisc américain, puisque le groupe Allergan a déjà son siège en Irlande où l’impôt société est à 12,5 %, donc l’intérêt est double, en fait plus vous êtes gros moins vous pesez... fiscalement.

Évidemment ce genre d’opérations se traite à coups de milliards en dollars ou en euros.

La France, plus modestement, connaît elle aussi ce phénomène, on parle ces temps-ci d’Orange et de Bouygues Télécom, on a également suivi les prouesses de Patrick Drahi, le boulimique de l’acquisition, il s’intéresse à la téléphonie, au câble, à la télévision (BFM TV), il a mis la main sur les droits de diffusion de la Premier League de football anglaise, l’Express, Libération, l’opérateur Virgin Mobile... Le coup de maître c’est que toutes ces acquisitions se font à crédit, une dette abyssale de 50 milliards d’euros empruntés en un an, même les marchés financiers ont dit « Halte là ! »

Alors quand on regarde l’organigramme du groupe Altice que M. Drahi préside, on se rend compte que toute la tête de l’empire Drahi est logé dans les paradis fiscaux, au Luxembourg, au Panama pour la maison mère de l’Express et de Libération, à Guernesey pour sa holding personnelle « Next LP », aux Pays-Bas et en Suisse.

Décidément ces paradis fiscaux sont un invariant de l’organisation économique et surtout financière de ce monde libéral dominant qui ne pense qu’à servir l’intérêt général... Alors oui la finance en 2016 ça va, merci et ça me donne une pêche, tout ça sans Botox ni Viagra, tout au moins pour l’instant...

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