Soutien aux grévistes de la faim du centre de rétention de Saint-Exupéry

Soutien aux grévistes de la faim du centre de rétention de Saint-Exupéry (Catalin Besleaga - https://www.flickr.com/photos/th3sly/)

par Annie David

Depuis le 29 septembre 2004, 11 algériens, retenus dans le centre de rétention de Saint Exupéry avant leur expulsion définitive vers leur pays d’origine, ont entamé une grève de la faim et de la soif afin de dénoncer leur condition d’arrestation. Parmi eux, un couple avec deux jeunes enfants âgés respectivement de 2 et 6 ans, a été arrêté de manière indécente. La police a demandé à l’école de retenir les enfants afin d’arrêter la famille à la sortie, sans tenir compte du traumatisme que pouvait occasionner ce type d’arrestation chez des enfants.

Je ne peux que m’insurger contre cette situation génératrice de souffrance morale chez ces enfants, femmes et hommes qui ont fuit la répression et cru en la France « Terre d’asile et refuge des opprimés".

Malheureusement ce cas n’est pas isolé puisque de nombreux témoignages affluent de toute la France. Si ce n’est pas à l’école, c’est en préfecture, suite à des convocations, que ces femmes et hommes sont arrêtés par les forces de police pour être envoyés en centre de rétention.

Ces conditions d’arrestation inacceptables et pourtant qui se généralisent, révèlent la mise en œuvre par le gouvernement Raffarin d’une véritable « traque à l’étranger ». Plus qu’une souffrance physique, générée par des conditions inhumaines de rétention, ces conditions d’arrestation sont de véritables atteintes à la dignité humaine et participent à un processus de criminalisation de l’immigration qui dénie la tradition d’accueil de la France.

C’est pourquoi, avec le Sénateur du Rhône, Monsieur Guy FISCHER, nous avons adressé un courrier au ministre De Villepin, tout comme je l’avais interpellé sur les conditions hautement insalubres du centre rétention de Saint Exupéry. Nous lui demandons de prendre les mesures qui s’imposent pour mettre fin à cette politique généralisée de « chasse à l’homme », en mettant en place des conditions d’arrestation en accord avec le respect des droits humains fondamentaux. En outre, nous lui demandons d’une part, de faire en sorte que les enfants du couple gréviste de la faim retournent le plus rapidement possible à l’école avec, eu égard au choc psychologique de leur arrestation, un encadrement adapté et d’autre part de permettre l’aménagement dans le centre de rétention d’un espace réservé afin d’améliorer les conditions de vie des familles.

Mais à notre sens, le véritable enjeu est de trouver des solutions alternatives plus humaines que ces centres de rétention qui sont aux antipodes du respect des droits de l’homme, d’autant qu’avec l’adoption en l’état de la constitution européenne, ces situations de non droit risquent de s’aggraver. Nous en voulons pour preuve l’actuel débat des Vingt-Cinq qui envisagent la création de camps de réfugiés hors de l’Union pour « trier les migrants ». Mais tout comme nous avons dénoncé le recul formidable des libertés publiques avec les lois Perben et Sarkozy et leur cortège de violations des droits les plus fondamentaux, nous continuerons à faire entendre la voix des plus faibles et des plus démunis au sein de toutes les Assemblées !

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