Brexit, Grexit...

Tribune parue dans Liberté Hebdo.

C’est fou comme l’année écoulée aura illustré de manière éclatante l’échec de la construction européenne menée depuis plusieurs décennies par les tenants du libéralisme.

Chacun ne peut que le constater aujourd’hui, cette Europe libérale inquiète, divise et désespère les peuples, elle montre à quel point ce qui pourrait être une belle idée de coopération et de solidarité entre les peuples de notre continent a toujours été accaparée par les intérêts des grands groupes économiques.

Le dernier épisode en date fut celui des discussions à Bruxelles avec le Premier Ministre britannique David Cameron, qui vient de lancer un référendum dans son pays, prévu le 23 juin prochain, afin que les britanniques puissent décider de leur maintien ou non au sein de l’Union Européenne, le fameux « BREXIT » (British Exit). Cameron a utilisé cette arme pour demander et obtenir de l’UE des dispositions particulières pour le Royaume-Uni et pas des moindres, possibilité de refuser des prestations sociales à des ressortissants européens, défense des intérêts de la City, entre autres...

Les médias nous ont vendu le scénario de discussions serrées, de négociations âpres et nous avons pu constater avec « soulagement » le succès des négociations qui aboutirent à ce que Bruxelles cède sur tout, ce n’est pas un compromis, c’est une farce !

Revenons un an en arrière si vous le permettez, à Athènes où le peuple grec avait eu l’outrecuidance de vouloir tourner la page de l’austérité imposée par la défunte Troïka, souvenez-vous le FMI, la BCE et l’UE. Rappelons-nous l’intransigeance à l’égard du gouvernement légitime et démocratique d’Alexis Tsipras, on les a tous entendus les tenants du respect des règles et des engagements des Etats, la Grèce doit payer !

Tous portaient ce discours, les Merkel, Schaüble, Draghi, Juncker et consorts, Cameron aussi. Or la Grèce ne souhaitait pas sortir de l’Union Européenne, le non moins fameux Grexit (Greek exit) désolé c’est de l’anglais... les grecs voulaient de la solidarité, renégocier la dette... le peuple a validé à deux reprises ce choix par son vote, la finance n’a rien lâché.

J’ai quand même un peu l’impression qu’il y a deux poids deux mesures dans le projet européen d’aujourd’hui que l’on nous impose, y compris contre les choix référendaires en France, en Irlande aux Pays-Bas, et les épisodes du Brexit et du Grexit en sont une illustration parfaite, leur Europe n’est qu’un marché, de préférence financier, un immense marché « solvable » de plus de 500 millions de consommateurs, qui ne s’intéresse pas au progrès social, à la solidarité avec les migrants, entre les peuples, à la taxation des transactions financières, l’horreur pour la City, à l’harmonisation fiscale...

Non ça ne fait pas rêver, l’alternative est à construire de Brest à Athènes en passant par Londres et Sofia...

Selon le dogme de la pensée unique, il n’y aurait que deux catégories de gens : les europhiles et les eurosceptiques ou europhobes. Mais il peut aussi y avoir des altereuropéens dont nous sommes !

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