Le « coup » du travail

Chronique parue dans Liberté hebdo.

Oui vous avez bien lu l’orthographe : COUP et non pas son homophone « coût » du travail souvent pointé par certains économistes comme étant l’une des causes essentielles des maux dont notre pays souffre.

Il s’agit en général d’économistes très libéraux qui remettent sur le tapis cette histoire de « coût », ils nous font régulièrement le coup du coût du travail, cette litanie est répétée inlassablement à longueur de chroniques, d’analyses, d’éditoriaux et autres enquêtes afin que ce pilier de la pensée unique marque bien les esprits et finisse par devenir une vérité absolue, incontestable, incontestée comme le dirait François Lenglet, chroniqueur sur France 2 : « C’est la vérité des chiffres Mesdames, Messieurs ».

Et pourtant il y a vraiment lieu de soumettre à la réflexion de chacun d’autres éléments d’analyse, ainsi par exemple à propos de la comparaison qui nous est servie entre notre pays et l’Allemagne, on constate que l’écart entre les coûts allemand et français s’est considérablement réduit et qu’il apparaît que ce coût est même supérieur outre-Rhin dans l’industrie manufacturière.

Ensuite, il conviendrait d’observer que la part de la valeur ajoutée produite consacrée aux dividendes en France ne fait que croître et embellir depuis 30 ans environ. Il y a 30 ans, sur 100 euros de valeur ajoutée, 5 allaient à la rémunération des actionnaires, nous sommes passés depuis à 23 euros. De l’équivalent de 10 jours de travail à 45 jours en 2012. Dans la situation d’aujourd’hui l’ensemble des cotisations sociales des employeurs représente un total de 150 milliards d’euros, en ce qui concerne le coût du capital nous en sommes à 300 milliards, 230 consacrés aux dividendes et 70 en intérêts et charges diverses. Quand donc 85 % des profits sont versés en dividendes et 15 % à l’investissement (recherche et développement, machines, formation, salaires...) on se dit qu’il y a peut-être là un déséquilibre fâcheux !

Nous citerons également ici l’hebdomadaire anglais « The Economist » qui, dans un papier récent, indiquait que la productivité des salariés français était l’une de meilleures au monde, constat partagé par toutes les études sérieuses, ainsi on y précise qu’un salarié français produit 22 % de plus qu’un travailleur britannique pour une heure de travail, venant d’un journal anglo-saxon et s’agissant de la France c’est quasiment un hommage.

Quand enfin on veut attaquer le Code du travail que l’on dit trop contraignant, c’est encore le travail qui est visé, dans la pensée « politiquement correcte ». Quelle horrible expression ! On ne remet jamais en cause le « coût du capital », cela vaudrait bien que l’on s’y intéresse de près pourtant, histoire de faire la clarté une fois pour toutes sur ce sujet.

Une commission d’enquête parlementaire ou au moins un groupe de travail au sein de la commission des finances du Sénat par exemple, c’est ce que ma collègue Marie-France Beaufils, sénatrice d’Indre-et-Loire, et moi-même avons proposé il y a quelques semaines lors d’une réunion de la commission.

Affaire à suivre...

Peut-être aurons-nous l’occasion de leur faire le « coup » du capital !

Retour en haut