Remise en question du métier de facteur

Remise en question du métier de facteur - Restructurations nocives à La Poste

Question écrite n° 19228 publiée dans le JO Sénat du 10/12/2015 - page 3322

M. Jean-Pierre Bosino attire l’attention de M. le ministre de l’économie, de l’industrie et du numérique sur les mouvements de grève qui agitent La Poste partout en France, à Neuilly-sur-Seine, à Quimper, en Loire-Atlantique, dans l’Est, dans le Sud, dans le Nord. Si tous les salariés ne sont pas mobilisés pour des raisons identiques, un point commun anime leurs combats : les récentes restructurations annoncées par le groupe.
Dans l’Oise et plus particulièrement dans le sud du département, la direction départementale envisage de regrouper six centres à Creil entraînant la suppression de quatorze emplois. Pour justifier ces restructurations, La Poste argue d’une baisse de 25 % du courrier depuis 2008. Certes, les courriers sous forme « papier » ont diminués par adresse mais la population a augmenté. Sur la seule commune de Montataire, ce sont trois nouveaux quartiers et des centaines de logements qui sont sortis de terre. Et il lui rappelle que six emplois avaient déjà été supprimés sur la ville au prétexte de la chute de l’activité. Par ailleurs les quatre communes de l’agglomération, Creil, Montataire, Nogent-sur-Oise et Villers-Saint-Paul qui composent ce secteur comptent chacune au moins un quartier prioritaire au titre de la politique de la ville.
Il semblerait que plus que des restructurations locales, ce soit le métier-même de facteur qui soit remis en question. En effet, les salariés dénoncent le renoncement au principe du facteur titulaire de sa tournée. Cet abandon n’est pas sans conséquence sur les conditions de travail et sur la qualité du service rendu à la population. Par exemple, les facteurs du centre de Creil passeront d’un travail en extérieur de 3 heures aujourd’hui à 5 h 40 et des livraisons de colis pourront être faites jusque 20 heures. Un facteur titulaire de sa tournée acquiert une connaissance du terrain qui permet à La Poste d’assurer dans les meilleures conditions sa mission de service public. La perte de ce principe et le recours massif à des embauches en contrat à durée déterminée en en intérim ne permettent pas de garantir le même niveau de service rendu.
La direction départementale refuse tout dialogue avec les salariés en grève, et au vu de toutes les mobilisations à travers la France il s’agit aussi d’une problématique nationale.
Il souhaite savoir comment il compte agir pour éviter des restructurations nocives pour l’emploi dans un contexte où le taux de chômage est particulièrement haut et sachant que La Poste, l’un des plus importants bénéficiaires du crédit d’impôt compétitivité emploi (297 millions en 2013, 352 millions en 2014, 341 millions en 2015), a déjà supprimé plus de 6000 emplois en 2014.

En attente de réponse du Ministère de l’économie, de l’industrie et du numérique

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