Faisons de la prévention du suicide une grande cause nationale

Faisons de la prévention du suicide une grande cause nationale - Première cause de mortalité chez les moins de 25 ans (Bass_nroll - https://www.flickr.com/photos/bass_nroll/)

M. Manuel VALLS
Hôtel Matignon
57 rue de Varenne
75700 Paris

Monsieur le Premier Ministre,

Le suicide est un véritable fléau en France, où son taux est l’un des plus élevé d’Europe. Première cause de mortalité chez les moins de 25 ans, le suicide frappe aussi très durement les seniors, qui représentent 28 % des décès. Les tentatives de suicide occasionnent par ailleurs un coût très lourd pour la collectivité, selon une étude de l’unité de recherche en économie de la santé (URC ECO) de l’Hôtel Dieu à Paris, qui a estimé à près de 5 milliards d’euros le « fardeau économique » du suicide et des tentatives de suicide pour l’année 2009 en France.

Face à ce véritable fléau, comparable à celui des accidents de la route il y a 30 ans, (encore plus de 10 000 morts par suicide par an et plus de 200 000 tentatives de suicides) agir pour une véritable prise de conscience collective est encore nécessaire.

Trop souvent le suicide est perçu comme une fatalité alors que ces morts sont évitables. La réussite du Québec qui est passe de 22,2 décès par suicide pour 100 000 habitants en 1999 à 13,7 en 2010 montre qu’il est possible de faire reculer ce fléau.

Mais si le sujet dépasse le seul cadre de la sante publique, il n’est cependant pas normal que ce projet de loi fasse l’impasse complète sur ce sujet alors qu’il est possible de sauver des milliers de vies.

L’année 2016 doit être mise à contribution pour mettre en place de nouveaux moyens d’action coordonnés à l’instar de ce qui a été mis en œuvre au Québec : développement de la recherche, meilleure formation des intervenants, ligne d’intervention téléphonique, définition d’un outil commun d’évaluation de l’urgence suicidaire, équipes mobiles se déplaçant à domicile, création de places d’hébergement de crise adaptées, réseau de sentinelles, postvention...

Monsieur le Premier Ministre, vous avez seul le pouvoir de faire de l’année 2016, ou à défaut 2017, celle de la grande cause nationale de la prévention du suicide. Vous vous honorerez en prenant une telle décision qui favoriserait une prise de conscience collective et permettrait d’améliorer les dispositifs existants par des mesures concrètes et transversales permettant de diminuer nettement le nombre de tentatives de suicide et de suicides, fléau trop souvent refoulé par notre société.

Espérant une suite favorable, veuillez recevoir, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de mes salutations les plus respectueuses.

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