« En direct du Palais Brongniart... »

Le temps c’est de l’argent, en matière de spéculation financière cette formule est inscrite en lettres d’or au fronton du temple du Dieu argent et c’est une histoire ancienne... Remontons dans le temps à un peu plus de deux siècles ; 1815 la bataille de Waterloo, le banquier Nathan Rothschild apprend avant tout le monde, grâce à ses pigeons voyageurs la défaite de Napoléon, il fait courir le bruit d’une victoire de l’empereur pour faire chuter les titres de la dette britannique, qu’il rachète à vil prix avant de les revendre très cher une fois la victoire connue de tous. Il avait en fait bénéficié du brouillard qui handicapait les communications optiques par sémaphore !

Deux siècles plus tard, nous sommes très loin des pigeons voyageurs et des sémaphores, nous en sommes aujourd’hui au trading haute fréquence, les ordres de bourse qui se transmettent en nanosecondes, ainsi en un clignement d’œil de 350 millisecondes 7000 ordres de traders haute fréquence sont passés par les ordinateurs sur le marché français. Par ailleurs nous sommes passés pour les valeurs du CAC40 de 3 millions d’ordres par jour en 2007 à 20 millions en 2011 pour revenir à 8 millions aujourd’hui, nous sommes dans le même temps passé de 40 places boursières en Europe en 2006 à 256 en 2012, c’est dire si les échanges boursiers ont explosé en volume et en vitesse.

Ces transactions, souvenez-vous, étaient exécutées par des agents de change hurlant et gesticulant autour de « la corbeille » à vitesse humaine à la Bourse de Paris au cœur du Palais Brongniart, construit sous... Napoléon. Il fonctionna jusqu’en 1987 date à laquelle les opérations furent automatisées et confiées à des ordinateurs surpuissants et rapides.
Qu’est donc devenue la Bourse de Paris ?

Elle s’appelle toujours ainsi avec son célèbre CAC40, mais son centre opérationnel effectif a franchi la Manche pour s’installer à 30 kilomètres à l’est de la City de Londres, dans une petite ville située dans le comté de l’Essex, Basildon.

Un hangar gigantesque grand comme 5 terrains de football y abrite une plateforme qui fait se rencontrer acheteurs et vendeurs, mais aussi les algorithmes des différents opérateurs (courtiers, banques...) une sorte de Meetic de la finance en somme... Tous ces acteurs sont à la même distance, calculée au millimètre près, en effet comme du temps de Waterloo le parcours d’un ordre boursier doit être le plus court possible.

Alors, pourquoi choisir la perfide Albion, vainqueur de Waterloo ? Basildon est plus proche que Paris de la City et de la Bourse de Londres, 1ère place financière d’Europe, donc cette implantation permet de gagner du temps précieux et de recevoir toutes les informations utiles avant les concurrents...

« Ici le Palais Brongniart, je vous rends l’antenne, à vous les studios…

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