Il faut sauver le soldat Oudéa !

Il faut sauver le soldat Oudéa ! - Panama papers (Pixabay)

Chronique parue dans Liberté Hebdo.

C’est l’impression que me fait toute la mise en scène organisée au Sénat au sujet de M. Oudéa, PDG de la Société Générale, 2e banque française depuis les révélations des Panama papers, notamment dans le cadre de l’émission « Cash investigation » diffusée sur France 2 le mardi 5 avril en soirée. La banque est citée dans l’enquête comme ayant été à la manœuvre dans la création de pas moins de 979 sociétés offshore au Panama. C’est sa filiale au Luxembourg, SG Bank and Trust, qui a organisé ce scandale avec le désormais célèbre cabinet Mossack Fonseca.

Retour en arrière cinématographique, façon festival de Cannes...

Monsieur Oudéa : déjà PDG de SG en 2012 avait été entendu à l’époque par la commission d’enquête du Sénat sur l’évasion des capitaux dont j’étais le rapporteur. C’était le mardi 17 avril 2012, nous étions à quelques jours du premier tour de la présidentielle et lors de cette audition nous écoutions également M. Bauduin Prot, PDG de la BNP Paribas. Une certaine tension régnait, beaucoup de journalistes présents pour cette séance ouverte à la presse, je dois avouer aujourd’hui que sénateur depuis 7 mois, j’étais un peu impressionné, nous étions en présence des premiers représentants des deux premières banques françaises dont le bilan cumulé est de 3600 milliards environ, dix fois le budget de la France !

Ce matin-là, sous serment, M. Oudéa déclara devant la commission d’enquête que sa banque, je cite : « avait fermé ses implantations et n’avait plus d’“activités au Panama”. Ces déclarations s’écroulent début avril 2016 avec les révélations des Panama papers. Notre groupe, le mercredi 6 avril à 14 h 30 saisit le bureau du Sénat après un rappel au règlement en séance publique.

Cascade d’événements depuis : Michel Sapin ministre de l’Economie convoque M. Oudéa, nul ne sait ce qu’ils se sont dit ; la Présidente de la commission des finances du Sénat le reçoit à son tour afin de “préparer les auditions”, elle déclare à l’issue de cette rencontre, “la Société Générale est une grande banque...”

Que signifie ce commentaire ?

Philippe Dominati, ancien président de la commission d’enquête et moi-même rencontrons le PDG de la SG le 4 mai à huis clos, pour ma part, ce jour-là, je lui demande simplement de confirmer les propos de 2012, ce qu’il fait. Les vraies questions viendront la semaine suivante le 11 mai lors de l’audition par la commission des finances, pas de réponse aux questions de fond.

M. Oudéa ne conteste à aucun moment l’existence de ces sociétés offshore mais leur nombre... les journalistes présents cette fois relèvent...

Le cas Oudéa sera examiné au bureau du Sénat le 26 mai prochain. Les faits sont têtus.
“Je jure de dire toute la vérité, rien que la vérité, toute la vérité !” en levant la main droite.
Il faut absolument éviter de laisser le doute grandir dans l’esprit de nos concitoyens sur la volonté des institutions de la République de chercher cette vérité.

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