Les Urgences font l’objet d’un réaménagement

Les Urgences font l'objet d'un réaménagement - Suppression de l'intervention des psychologues (Cottonbro - https://www.pexels.com/fr-fr/@cottonbro)

à

Madame TOURAINE

Madame la Ministre,

Je suis interpellée par le Collège des Psychologues du Centre hospitalier de Vienne soutenus par les Psychiatres, suite au projet de suppression de l’intervention des psychologues sur le lieu des urgences.

Dans le cadre du rattachement de la psychiatrie du CH de Vienne au Centre Psychothérapique privé Nord Dauphiné, le réaménagement de la prise en charge des patient-e-s aux urgences propose la création d’une équipe psychiatre/infirmier et la suppression de l’intervention des psychologues.

Je vous avais alertée, Madame la Ministre, à l’annonce de ce rattachement, sur les risques en matière de soins et de prise en charge des patient-e-s. Il s’agissait autant des risques liés à l’éloignement des structures de soins que des risques liés à la privatisation du service public de santé. De fait la recherche de la rentabilité des activités de santé ne peut conduire qu’à la suppression pure et simple d’activités et de services au détriment des patient-e-s et de la santé publique.

Risques que nous avions parfaitement mesurés lors de l’examen du projet de loi de « modernisation de la santé » et qui m’avaient amenée, avec mes collègues sénatrices et sénateurs, à refuser la mise en place des Groupements Hospitaliers de Territoires et la rationalisation des dépenses de santé.

Le projet proposé par le CPND illustre bien les craintes que nous avions formulées et je ne peux que constater une fois de plus, que les personnels ne sont ni concertés ni entendus.

Il serait pourtant judicieux d’entendre leurs arguments : dans toute équipe de soin, la place d’un psychologue est utile et légitime, elle l’est particulièrement aux urgences et d’autant plus aux urgences psychiatriques. La suppression des psychologues équivaut à réduire la prise en charge du patient à un travail d’évaluation/orientation et à nier l’importance de l’adhésion du patient aux soins qui lui seront proposés.

D’autant que comme le rappellent les psychologues de Vienne, les trois motifs de recours principaux aux services d’urgences en 2015 étaient : les états dépressifs, les tentatives de suicide et les crises d’angoisse. La prise en charge de ces troubles et leur prévention dès le service d’accueil d’urgence ne fait-elle pas partie intégrante des missions du psychologue, ne justifie-t-elle pas le maintien de son intervention sur le lieu des urgences ?

Je continue à partager les inquiétudes du personnel du CH de Vienne car un projet médical qui dégraderait la prise en charge des patient-e-s ne peut être un bon projet.

Et je tiens à réaffirmer l’importance pour nos territoires ruraux et de montagne des services d’urgences, psychiatriques ou non. Il est de plus indispensable de maintenir les activités qui en font un élément majeur du dispositif de santé publique et de sécurité, que ce soit à Vienne, à la Mure, à Voiron ou à Saint Marcellin, partout où la mise en place des GHT et la définition de projets médicaux sans concertation avec les personnels, les habitant-e-s et les élu-e-s, conduisent à la suppression pure et simple d’activités et de services.

Aussi, je réitère ma demande de concertation tant avec les personnels qu’avec les élu-e-s afin de réévaluer le projet de santé du territoire à l’aune des besoins en matière de santé et non de la réduction des déficits publics.

C’est d’ailleurs tout le sens de la mobilisation du 31 mai devant votre ministère, afin de vous faire entendre les propositions et choix des personnels, des patient-e-s et des élu-e-s.

Dans cette attente, je vous prie d’agréer, Madame la Ministre, l’expression de ma considération.

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