L’apprentissage dès 14 ans

Avant que ne s’engage, article par article, le débat sur l’apprentissage, je voudrais vous livrer quelques réflexions générales en la matière.

Nous ne sommes pas contre l’apprentissage, une voie complémentaire qui, en effet, peut permettre à certains jeunes d’accéder à des pratiques pédagogiques plus ancrées dans la réalité des métiers. Il faut néanmoins rappeler que l’apprentissage est d’abord une formation initiale ; de ce point de vue, nous, législateurs, devons veiller à ce que l’on forme des jeunes capables d’évoluer dans leur métier tout au long de leur carrière, mais aussi des citoyens. C’est pourquoi nous refuserons toutes les mesures qui visent en réalité – nous l’avons bien compris – à déconnecter totalement l’éducation nationale de l’apprentissage.

En fait, on le voit bien, l’apprentissage est devenu un véritable marqueur idéologique sur nombre de nos travées. C’est à qui annoncera les meilleurs chiffres en la matière : le nombre le plus élevé d’apprentis ou les aides les plus importantes pour les employeurs. C’est vrai du Président de la République comme des présidents de région, même si l’examen des efforts nets consentis par les régions fait souvent apparaître un décalage entre l’affichage et la réalité.

Pour résoudre les problèmes de plusieurs ordres qui se posent, il faudrait, selon nous, s’attaquer d’abord au gâchis que nous avons souligné il y a quelques instants : les ruptures de contrat, qui atteignent 40 %, voire 50 %, dans certains secteurs et dans certaines régions. C’est là qu’il faudrait prioritairement faire porter l’effort.

Il faut aussi rappeler que les besoins de formation initiale passent aussi par une revalorisation de l’enseignement professionnel. Il importe d’offrir de vrais choix aux élèves en recréant des sections d’apprentissage pertinentes dans les lycées professionnels, dotées des moyens pédagogiques nécessaires.

Je fais observer, chemin faisant, que les taux de réussite sont meilleurs dans les lycées professionnels que dans l’apprentissage. Plus précisément, ils sont supérieurs de neuf points en CAP et de vingt points en baccalauréat professionnel par rapport à l’apprentissage.

En tout cas, mes chers collègues, ne comptez ni sur moi ni sur le groupe CRC pour approuver les propositions de la majorité sénatoriale, qui entend rétablir l’apprentissage dès quatorze ans et faire travailler les apprentis jusqu’à dix heures par jour et quarante heures par semaine – et même la nuit, pendant qu’on y est… Ce n’est pas un gage de progrès, mais un retour en arrière que nous dénoncerons !

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