Le monde d’à côté

Le monde d'à côté - Finance de l'ombre

Chronique parue dans Liberté Hebdo.

Cet espace d’expression nous permet très souvent d’aborder le monde merveilleux de la finance. On croit le connaître un peu mieux au fil des années, mais en fait, c’est très mal le connaître justement. Il a de la ressource le bougre…

L’univers du flouze, du grisbi, du fric, de la thune, du blé, de l’oseille, des dollars, des kopeks, du pognon, des biftons, des pépettes, de l’avoine… Quelle richesse (sans jeu de mots), mais surtout, quelles ressources dans l’innovation financière ! Lorsque l’on parle « finances », on pense bien évidemment aux banques, à l’évasion fiscale, au trading haute fréquence, mais il y a aussi l’univers de la finance parallèle, le « shadow banking », comme on dit outre-Manche. La finance de l’ombre s’est développée depuis quelques décennies. C’est en fait la partie immergée de l’iceberg, et effectivement, ça fait un peu froid dans le dos. Jugez-en.

Le montant « ajusté » des actifs du système financier parallèle a ainsi été évalué à 36 000 milliards de dollars pour 2014, soit 59% du PIB et 12% des actifs financiers des 26 principaux Etats du monde. Si on prend en compte l’estimation « globale », ce montant grimpe à 80 000 milliards de dollars pour 2014, 80 000 plus neuf « zéros » ! Ce niveau est sensiblement équivalent à celui atteint à la veille de la crise financière… Or, tous les économistes disent que cette croissance du « shadow banking » est à l’origine de la crise financière, puis économique, qui sévit depuis 2008.

Ils nous expliquent aussi que ce monde s’est développé à cause des nouvelles réglementations imposées aux banques depuis cette crise, donc les banques ont encouragé un nouveau modèle de financement de l’économie par des acteurs non bancaires. En 2014, le FMI tirait la sonnette d’alarme. Le 15 septembre 2015 le Figaro s’interrogeait : « Pourquoi la finance de l’ombre n’est toujours pas réglementée ? Le constat est tout de même inquiétant, mais ne cédons pas à la panique. « Ce que les humains ont fait peut être défait par d’autres humains… »

Opacité, ombre, noirceur, obscurantisme… nous dirons avec Guillaume Apollinaire : « Il est grand temps de rallumer les étoiles ». On ne demande pas la lune quand même !

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