Le dispositif de l’apprentissage s’est passablement détérioré

Les faits, nous les connaissons : à la fin de l’année 2015, notre pays comptait un peu plus de 400 000 apprentis préparant des diplômes allant du certificat d’aptitude professionnelle au master professionnel et 670 000 lycéens scolarisés dans les lycées d’enseignement professionnel, les LEP. Chaque année, on dénombre 200 000 candidats au baccalauréat professionnel, et au moins 400 000 jeunes poursuivant leurs études en IUT, les instituts universitaires de technologie, en section BTS ou en licence professionnelle.

Ces chiffres témoignent de l’effort particulier consenti par l’ensemble de la Nation en direction de la formation des jeunes. Personne ne conteste le fait que l’une des clés de l’élévation – si nécessaire – des connaissances pour toutes et tous, et donc de l’amélioration de l’efficacité de notre économie, réside dans le développement multiforme des outils de la formation initiale comme continue.

Au regard des chiffres que je viens de rappeler, il est cependant manifeste que l’apprentissage ne constitue pas, quoi qu’on en dise, la voie privilégiée par les jeunes et leurs familles pour accéder à une formation professionnelle.

Les adolescents de notre pays préfèrent effectuer leurs études au lycée général ou technologique et les poursuivre dans les filières professionnelles de l’enseignement supérieur, dont les débouchés se révèlent relativement pertinents, à en juger par les études publiées sur le sujet.

Par conséquent, nous avons devant nous un important travail à réaliser pour comprendre les raisons pour lesquelles le dispositif de l’apprentissage s’est passablement détérioré, après que l’on a recentré la formation sur les TPE et PME pendant plusieurs années. La proportion de contrats rompus de manière précoce demeure encore assez élevée, privant de toute perspective à court terme plus du quart de leurs signataires chaque année.

J’ajoute que les conditions d’un accueil favorisant la bonne transmission des savoirs ne sont pas toujours réunies. Il arrive parfois que le chef d’entreprise n’ait pas le temps d’accorder à un jeune en formation toute l’attention qu’il requiert. Quelquefois, c’est le salarié investi de cette mission qui ne dispose pas des outils pédagogiques pour l’assumer pleinement. Assez souvent, le conflit éclate au cours de la période pendant laquelle l’apprenti se trouve dans un centre de formation d’apprentis pour suivre la partie théorique de sa formation qui est un élément clé de son apprentissage.

Franchement, tout cela nécessiterait une véritable évaluation. Il faudrait parvenir à mettre en évidence la nature des difficultés que rencontrent les apprentis, en vue de les résoudre. Selon nous, seule l’éducation nationale dispose des moyens d’assumer cette mission.

Sous le bénéfice de ces observations, je vous invite, mes chers collègues, à adopter notre amendement.

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