Bye bye London !

Chronique parue dans Liberté hebdo.

Les citoyens britanniques viennent de se prononcer clairement pour une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Il ne s’agit pas évidemment d’un événement anodin, il aura des conséquences sur l’histoire de cette construction européenne. Il y a quand même lieu de s’interroger du côté des promoteurs de cette construction libérale qui ne brille pas par ses velléités sociales et démocratiques et c’est peu dire...

En effet ce référendum s’ajoute à la longue liste des consultations perdues par cette UE. Elles s’enchainent depuis le traité de Maastricht en 1992. Il y a eu le non danois et suédois sur l’euro, le rejet du traité constitutionnel par les Français et les Néerlandais, le rejet du traité de Nice par les Irlandais, revoté ensuite après quelques menues concessions, le refus par les mêmes Irlandais du traité de Lisbonne (revoté également) et plus récemment le rejet de l’accord d’association avec l’Ukraine aux Pays-Bas. Ainsi donc quand l’avis des peuples est sollicité, ça coince toujours.

Cette construction libérale à marche forcée ne suscite guère beaucoup d’enthousiasme. Comment s’en étonner ? Cette Europe qui nous promettait solidarité et prospérité n’est pas du tout au rendez-vous. Les politiques austéritaires imposées partout ne résolvent pas la crise, au contraire, pauvreté et inégalités explosent. La Grèce a été littéralement humiliée par ses créanciers, les banques et la Troïka (BCE, UE, FMI).

L’Europe fiscale est une véritable jungle où chaque état livre une guerre fiscale sans merci à ses « partenaires », la concurrence fait perdre chaque année 1000 milliards d’euros de recettes budgétaires à tous ses membres, c’est d’ailleurs sous la houlette de J.C Juncker que le Luxembourg a accordé des milliards de cadeaux aux multinationales. Juncker est à la barre, le lanceur d’alerte Antoine Deltour aussi, mais lui c’est au tribunal !

Quant au dumping social, avec les abus et détournements en matière de travailleurs détachés, nous en mesurons chaque jour les effets désastreux sur les économies européennes. Les gagnants sont toujours les mêmes, multinationales, banques, grands groupes, etc. Les perdants aussi, du côté des peuples.

Comment s’étonner que les citoyens de notre continent expriment dès qu’ils le peuvent, défiance et rejet sans nuance ? Ils rejettent ces puissances invisibles qui construisent « leur » Europe qui tourne le dos à l’intérêt général.
Il faut tout remettre à plat, une Europe harmonisée socialement, fiscalement et surtout démocratique peut être un barrage efficace contre les injustices et la « bête immonde » sortie d’un ventre toujours fécond...

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