Sommet de l’Otan à Varsovie : Michel Billout précise sa position

Sommet de l'Otan à Varsovie : Michel Billout précise sa position (Gertrud Zach)

Les 8 et 9 juillet, la capitale polonaise accueillera le prochain sommet de l’Otan. Il s’agira du 27e sommet de l’Alliance depuis sa création en 1949. De nombreux Seine et Marnais ont écrit à Michel Billout pour lui demander de préciser sa position sur ce sujet.

Voici sa réponse...

Madame, Monsieur

J’ai bien reçu votre lettre m’informant que vous aviez signé une pétition adressée au Président de la République lui demandant que la France ne participe pas au prochain sommet de l’Otan.

Je vous en remercie, et c’est bien volontiers que je vous fait part de mon sentiment sur cette question, et plus généralement, sur la politique de notre pays vis-à-vis de cette organisation.

Effectivement, la prochaine réunion des instances dirigeantes de l’organisation de l’Alliance atlantique à Varsovie, essentiellement centrée sur l’attitude à adopter envers la Russie, revêt un caractère particulièrement agressif et provocateur à l’égard de ce pays.

Prenant prétexte de l’annexion de la Crimée, bien que celle-ci ait été effectuée au mépris du droit international, et du conflit politique et militaire en Ukraine, l’Otan ne cesse d’adopter une posture militaire rigide de défense collective qui est exclusivement tournée vers l’Est.

Cette attitude ne peut qu’attiser les tensions entre certains pays membres de l’Otan et la Russie et ouvrir sur une longue période d’instabilité.

Je ne crois pas qu’une absence de la France à ce sommet serait une bonne solution.

En revanche, il serait nécessaire que ses représentants expriment leur opposition à cette orientation et fassent des propositions de nature à apaiser les tensions.

A cet égard , les récentes déclarations du ministre des affaires étrangères, affirmant que le prochain sommet à Varsovie ne doit pas être une réunion de confrontation avec Moscou, ne suffisent pas.

La France doit fermement condamner le renforcement militaire de l’Otan à l’Est, bien entendu ne pas y participer, et s’opposer à tout stationnement permanent de troupes, ce qui constitue d’ailleurs une violation des accords d’Helsinki signés entre l’Otan et la Russie.

Elle doit, dans le même temps, agir pour une reprise du dialogue avec la Russie, pays indispensable au rétablissement de la sécurité collective dont toutes les nations ont besoin.

Notre opposition à la mise en place d’un « bouclier antimissile », dont le lancement du système sera annoncé à Varsovie, doit être totale. L’Iran, suspecté de vouloir accéder à l’arme nucléaire, n’est en fait que l’alibi pour installer un système offensif clairement orienté contre la Russie. Enfin, il faudrait rapidement engager une réflexion dans notre pays, éventuellement sous la forme d’un débat public national, sur le maintien ou non de la France dans cette organisation politico-militaire. Celle-ci n’est plus confrontée aux raisons qui avaient motivées sa création, mais, pour justifier son existence, elle a besoin de faire valoir de nouvelles menaces plus ou moins avérées.

C’est pourquoi, l’extension de l’Otan aux frontières de la Russie, contrairement aux engagements pris après la réunification allemande, a largement contribué à créer des situations de forte tension.

En tout état de cause, vous pouvez compter sur ma détermination pour inciter le gouvernement à modifier sa politique et ses relations avec l’Otan.
En réponse à votre courrier, telles sont, Madame/Monsieur, les appréciations dont je souhaitais vous faire part.

Très cordialement

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