Une sélection qui ne dit pas son nom

Dans un entretien aux Echos paru hier, la Ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche propose d’inscrire dans la loi le droit pour les universités de « recruter » les étudiants à l’entrée en master. Cette proposition est une sélection qui ne dit pas son nom !

Pourtant en 2014, Geneviève Fioraso et Benoit Hamon, alors secrétaire d’Etat et Ministre de l’ESR indiquaient leur refus de « toute sélection à l’entrée en master ».

Ce droit qui veut que l’admission dans les formations du deuxième cycle soit ouverte à tous les titulaires des diplômes de premier cycle, la sélection devant rester l’exception, est mis à mal par la proposition de la Ministre.
Quid dès lors du respect du principe d’égalité des usagers du service public de l’éducation ?

La Ministre en est consciente puisqu’elle propose que cette sélection soit contrebalancée par un droit pour « tout titulaire de licence » de se voir « proposer une poursuite d’études en master s’il le souhaite ». Un « droit » dont les contours sont encore très flous : la question du périmètre géographique dans lequel « ce droit » pourra s’exercer reste à définir ; quant à la mobilité géographique, la Ministre évoque un « soutien financier » pour les étudiants « qui n’en ont pas les moyens ».

Au regard des derniers budgets alloués à l’enseignement supérieur, des difficultés financières des universités, de la démographie étudiante, tout laisse à craindre que ce « futur » droit ne voie jamais le jour, au contraire de la sélection en master qu’une loi viendrait légaliser en novembre. L’enjeu de démocratisation de l’enseignement supérieur, pourtant porté par la StraNES, s’en trouverait fortement hypothéqué.

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