Affaire Kerviel : suite et fin ?

Affaire Kerviel : suite et fin ? - Société Générale (Aloïs Moubax - https://www.pexels.com/fr-fr/@aloismoubax)

Chronique parue dans Liberté Hebdo.

La justice a reconnu la responsabilité de la Société Générale dans l’affaire Kerviel. C’était le 23 septembre dernier. L’ancien trader est condamné à payer un million d’euros au lieu de la somme astronomique de 4,9 milliards. La responsabilité de la banque est donc enfin reconnue. Plus de huit années se sont écoulées, après deux procès, un recours en cassation et un deuxième procès en appel, ainsi la présentation de la Société Générale comme une simple victime s’écroule comme un château de sable.

Toutefois la Cour a rejeté la demande d’expertise indépendante des pertes de la SG, formulée par les défenseurs de Jérôme Kerviel, en effet toute la procédure a été menée sur les seules déclarations de la banque.

Selon les mots de l’avocat de J. Kerviel, il s’agit d’un rabais de 99,98 % ! Les attendus du jugement sont assez édifiants pour les citer ici : « Un tel préjudice n’aurait pas pu être atteint sans le caractère éminemment lacunaire des systèmes de contrôle de la Société Générale, qui ont généré un degré de vulnérabilité élevé. Cette organisation défaillante et cette accumulation de manquements en matière de sécurité et de surveillance des risques qui préexistaient aux faits ont permis la commission des délits et retardé leur détection... »

Nous sommes effectivement très loin d’une banque victime des agissements irresponsables d’un trader fou. Des traders que l’on pousse à la prise de risques inconsidérés, tant que ça rapporte bien sûr, la culture du résultat fait oublier toutes les règles. Mais tout n’a pas encore été dit sur les révélations de la Commandante de police Nathalie Le Roy, ainsi que le témoignage embarrassant pour la banque de la parquetière Chantal de Leiris, autant d’éléments qui permettent de mesurer les dysfonctionnements nombreux de la justice.

Il reste aussi une autre affaire en suspens, c’est celle de la ristourne fiscale accordée à l’époque par l’État afin de tenir compte des « pertes » de la banque en 2008. La situation change aujourd’hui, le ministre du Budget a déclaré la semaine dernière : « Le gouvernement tirera toutes les conséquences du jugement attendu ». François Hollande avait aussi, en octobre 2010, dit des choses sur le dossier, c’était sur un plateau de télévision : « Comment admettre que lorsqu’une banque fait une erreur, ce soit le contribuable qui paye ? » En effet, comment l’admettre ?

2016 décidément annus horribilis pour la Société Générale, après la réaudition de Monsieur Oudéa, Directeur de la banque au Sénat pour présomption de parjure devant une commission d’enquête en avril 2012, suite aux révélations des Panama Papers, voilà en septembre le revers Kerviel...

Le Sénat avait honteusement classé l’affaire, le gouvernement ira-t-il jusqu’au bout pour demander le remboursement à la banque des 2,2 milliards d’euros d’argent public ? J’ai comme l’impression que le dossier n’est pas clos. La vérité est un combat !

Retour en haut