Ce texte légalise la sélection en master et ouvre une brèche dangereuse

Ce texte légalise la sélection en master et ouvre une brèche dangereuse - Adaptation du deuxième cycle de l'enseignement supérieur français au système licence-master-doctorat

Hier le Sénat a adopté le texte de la Commission sur la sélection à l’entrée en master. Le groupe CRC, lui, s’est abstenu. En séance, j’ai rappelé notre attachement au principe de non sélection à l’université. De plus, les garanties entourant le dispositif dit de « droit à la poursuite d’études en master », contrepartie à l’inscription dans le code de l’éducation de la sélection à l’entrée en master négociée le 4 octobre dernier et validée par le CNESER, nous semblent insuffisantes.

Certes notre amendement proposant d’inscrire dans la loi la possibilité pour l’étudiant concerné de différer le déclenchement de ce dispositif, tel que prévu dans l’accord du 4 octobre, a été adopté.

Cependant, le gouvernement a refusé d’inscrire dans la loi un fonds d’aide à la mobilité géographique des étudiants. Il prévoit à la place une « prime d’installation » de 1000 à 1500 euros qui sera financée par redéploiement des crédits inscrits dans le PLF 2017, au programme 231, et initialement réservés à l’ARPE, l’aide à la recherche d’un premier emploi, votée lors de la loi Travail. Ce redéploiement ne garantit donc pas la pérennité de ces deux dispositifs.

C’est pourquoi, j’ai défendu un amendement proposant de minorer, de façon très modeste, les montants alloués au crédit impôt recherche (CIR) pour les réorienter vers la formation des étudiants de l’enseignement supérieur. En effet, un des objectifs du CIR est de favoriser l’embauche de jeunes docteurs. Or aider les étudiants de master - potentiels futurs doctorants - à réussir leurs études devrait participer d’une même logique.

Ce texte, qui légalise la sélection en master, ouvre une brèche dangereuse, à mon sens, alors que la droite affiche son intention de généraliser la sélection à l’université et d’augmenter les frais de scolarité. De plus, il demeure bien insuffisant au regard de l’objectif de démocratisation de l’accès à l’enseignement supérieur pourtant réaffirmé dans la StraNES.

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