Fillon Juppé, Fippé Jullon, Filjup Pélon…

Chronique parue dans Liberté Hebdo.

Non décidément non, je n’y arrive pas, pas moyen de distinguer au fond les deux candidats qualifiés pour la finale de la Star Academy… euh pardon, de la primaire de la droite et du centre.

L’impression de nous retrouver au soir du premier tour de l’élection présidentielle de 1969 avec Alain Poher et Georges Pompidou, qualifiés tous les deux pour le second tour, le Parti communiste français qui avait présenté Jacques Duclos eut cette formule magique pour résumer la situation « Bonnet blanc et blanc bonnet ».

Car au fond, les programmes, on les connaît, et ils sont forts les gaillards, tout les rassemble : suppression de postes de fonctionnaires en nombre (qui varie un peu c’est vrai), suppression de l’ISF, on tire un trait sur 5,5 milliards d’euros d’impôt, fin des 35 heures… bref, la machine à remonter le temps est construite, on n’attend plus que le mécanicien. Vous aurez évidemment une pensée émue pour les éliminés de marque du premier tour : Nicolas Sarkozy qui a perdu dimanche soir une part de sa morgue habituelle, quant au score de Jean-François Copé…

Ce fonds de commerce commun n’empêche en rien les coups bas, les phrases assassines. On assiste depuis dimanche dernier à un affrontement des égos, des ambitions et des statures. Le monde des affaires se frotte les mains. Un numéro des Échos la semaine dernière montrait sur deux pleines pages les soutiens des différents candidats au premier tour des primaires, leur lecture en était absolument édifiante, les grands de la finance et du business étaient tous au rendez-vous. On comprend dès lors l’empressement des finalistes à alléger l’impôt des plus riches. Dis-moi qui te soutient, je te dirai quels intérêts tu défends.

Monsieur Fillon réfléchit à tous ces sujets en son château de Beaucé dans la Sarthe, comme il le fit à propos de la retraite en son temps. Monsieur Juppé, « droit dans ses bottes », repense encore à ce terrible mois de décembre 1995 où il se prit les pieds dans le même tapis des retraites… non décidément non, Fillon Juppé, Fippé Jullon, Filjup Pélon… les frères jumeaux du libéralisme pur et dur, ne comptez pas sur nous. Nous, on se prépare à résister au cas où vous arriveriez à l’Élysée, et à construire, non pas l’alternance, mais une véritable alternative à des choix contestés partout dans le monde…
Vous n’avez rien dit Messieurs sur la finance au fait… un simple oubli je suppose ?

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