La Révolution

Chronique parue dans Liberté Hebdo.

Nous n’aborderons pas ici la révolution cubaine qu’il aurait sans doute été logique d’évoquer dans ce billet après la disparition de Fidel Castro. Non, celle que je souhaite aborder, c’est celle que le journal « Le Monde » signale en une de son édition datée du mardi 29 novembre dernier : « Fillon, la révolution conservatrice… ».

Ce titre a retenu mon attention, me rappelant que dans les années 80, elle était déjà utilisée après les élections respectives de Thatcher en 1979 au Royaume-Uni et de Reagan en 1980 aux États-Unis. On se souvient des politiques ultralibérales menées dans ces deux pays dans la décennie qui a suivi. Reagan disait à l’époque ceci : « L’Etat n’est pas la solution, il est le problème ». Tous les choix politiques faits alors ont été la traduction pratique de cette idéologie construite par les économistes néolibéraux. François Fillon, sorti grand vainqueur est exactement de cette école-là, 30 ans plus tard, sachons-le.

Son succès a surpris par son ampleur, mais au fond, en relisant « Les Échos » du 15 novembre, soit quelques jours avant la primaire de la droite et du centre, on lit cette phrase : « Les chefs d’entreprise plébiscitent le programme de François Fillon ». L’homme fort de Sablé en Sarthe ne fait pas dans la « rillette », il a d’emblée donné des gages au monde du business, avec le ton qu’il fallait.

Il compte bien s’attaquer aux acquis sociaux encore en place pour laisser plus de place au marché et réduire sensiblement la place et le rôle de l’État dans notre société. C’était le credo de Maggie et sur la société, elle déclarait aussi en 1987 : « Les gens transfèrent leurs problèmes sur la société. Et vous savez, il n’y a pas de société. Il y a des hommes et des femmes et il y a des familles ». Ces mots sonnent le glas d’un monde solidaire.

Il y a bien dans l’ensemble du monde un retour à ces « valeurs » conservatrices. Les annonces de diminution des taux de l’impôt société fleurissent de tous côtés. Trump vient d’annoncer aux États-Unis une réduction de 35 % à 15 %. Thérésa May au Royaume-Uni annonce 17 % en 2020, 15 % dans la foulée. Le Luxembourg passera de 21 % à 18 % en 2018… Bref, la grande braderie fiscale (vers le bas) est engagée. Il va bien falloir un jour arrêter ce mouvement dévastateur pour les peuples.

Le processus révolutionnaire est bien engagé depuis trois décennies dans le monde. Il doit et il peut faire grandir de manière dialectique la contre-révolution progressiste pour remettre sans cesse sur le métier un monde « humain d’abord », jamais définitivement acquis !

Retour en haut