Les dieux du stade

Chronique parue dans Liberté Hebdo.

Cristiano Ronaldo a été nommé pour la quatrième fois « Ballon d’Or », félicitations ! Mais il avait déjà fait parler de lui la semaine dernière à propos des révélations faites dans le dossier « Footleaks ».

Nous apprenions que le champion avait perçu près de 150 millions d’euros, revenus du « sponsoring » (les marques) depuis sept ans dans un paradis fiscal, les Iles Vierges Britanniques… Vierges… ?

L’impôt payé sur ces gains n’était que de 5,6 millions d’euros, soit un taux de 4 %.

Stratège fiscal efficace. Rien de très nouveau sous le soleil des tropiques. Nous découvrions ainsi en 2004 que les joueurs du club d’Arsenal à Londres percevaient une partie de leurs revenus depuis un trust implanté à Jersey. Ces faits furent découverts à l’occasion d’une procédure de divorce entre Ray Parlour, un joueur et son épouse. Les histoires d’amour finissent mal en général, nous rappelaient autrefois les Rita Mitsouko.

Les scandales qui ont bousculé l’UEFA il y a quelques mois sentaient eux aussi beaucoup l’argent qui n’a pas d’odeur curieusement.

Le monde des affaires a conquis le monde du sport, non pas pour le développer, mais pour se développer lui-même. En somme, les joueurs sont des pions dans un système ultra sophistiqué où l’argent est roi. En fin de compte, nous sommes dans une société de l’exploitation de l’homme par… l’or. Les joueurs talentueux sont utilisés, monétisés jusqu’à l’extrême. Ils en profitent eux aussi, mais voilà bien, ici, une preuve supplémentaire qu’en matière d’évasion fiscale, il ne faut pas seulement regarder les joueurs, il faut s’intéresser à la galaxie du fric.

Tout bénéf. Des stades financés par les collectivités en France, des droits télé à payer pour les retransmissions des matches, les sponsors comme Mc Donald’s qui impose ses règles aux commerçants autour des stades les jours de matches lors de l’Euro, ses bénéfices transférés vers sa holding au Luxembourg, les chaussures de football vendues 325 euros la paire, fabriquées à moindre coût…

On apprenait il y a quelques semaines le rachat de l’OM par M. Franck Mc Court, milliardaire américain, pour 45 millions d’euros. Le club sera désormais géré par une holding « OM. LLC » implantée dans l’état américain du Delaware, un petit paradis fiscal sur la côte Est des États-Unis. Allez l’OM…

Monsieur l’arbitre, vous pouvez siffler la fin de la partie, les dieux du stade ne sont plus sur le terrain, depuis longtemps…

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