Humaine culture

Chronique parue dans Liberté Hebdo.

Les pérégrinations livresques des deux frères nous amènent à visiter la France et l’une de nos récentes étapes nous a conduits dans le Sud-Ouest, Auch, Montauban et Agen, plus exactement à Boé dans le Lot-et-Garonne.

C’était un dimanche, débat le matin avec 200 participants puis repas convivial organisé par les militants communistes de la région, belle ambiance et puis avant le dessert, une surprise, annoncée à l’heure de l’apéritif mais quelle surprise. Deux jeunes élèves du Chœur de l’Opéra de Bordeaux, vêtues de noir, accompagnées d’une pianiste... presque une heure de récital offert à tout le public, du classique de Massenet à Mozart. Une émotion palpable et une attention sans faille de l’assistance. Ovation debout de plusieurs minutes, on se dit après ces minutes de magie, quelle merveilleuse idée de proposer ce moment culturel au beau milieu du banquet fraternel des communistes de la région.

Combien de gens parmi le public n’ont jamais mis les pieds à l’opéra, entendu de la musique classique en spectacle vivant ? Ce moment rappelait de très belle manière la nécessité de ne jamais renoncer à l’ambition culturelle pour tous, l’école, l’éducation. La culture a aussi toute sa place dans un projet de dépassement du système libéral, ne l’oublions jamais mes amis. Le public de Boé se souviendra longtemps de ce passage magique.

Car le système libéral fait aussi argent de tout, sans vergogne. Ainsi donc la référence dans notre livre Sans domicile fisc aux ports francs de Genève, ces espèces de bunkers hyperprotégés, hypersurveillés, inaccessibles au vulgum pecus , la multitude ignorante, le commun des mortels, y sont stockées des centaines d’œuvres d’art aux auteurs les plus prestigieux de l’histoire de la peinture mondiale. Les propriétaires ne les exposent jamais dans leurs jolies demeures par peur de la patrouille du fisc, une sorte de capture du patrimoine culturel de l’Humanité. Notre proposition, les présenter gratuitement dans le plus grand musée du monde, appelons le L’Offshore Museum , ouvert à tous.

J’ai lu quelque part, il y a très longtemps, que la culture était ce qui restait quand on avait tout oublié. Je souhaite rectifier avec Jean Vilar pour dire ceci : La culture ce n’est pas ce qui reste quand on a tout oublié, mais au contraire ce qui reste à connaître quand on ne nous a rien enseigné.

Rien de plus humain que la culture, surtout dans ces moments de crise durable du système capitaliste, qui n’en finit pas de mourir.

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