Conflit d’intérêts

Voilà une expression souvent entendue ces temps-ci, et ceci doit nous inquiéter. Elle synthétise le télescopage entre des intérêts privés et des intérêts publics, surtout lorsque ceux-ci sont censés être défendus par des responsables politiques. Ce cancer de la démocratie cause des dégâts considérables au cœur de la République et explique en grande partie le désarroi de nos concitoyens vis-à-vis de la politique, des élections, du système… Ceci est bien sûr tout bénéfice pour les tenants de ce « système ».

De plus, ces conflits d’intérêt sont de plus en plus visibles. On apprenait ainsi que l’ancien Ministre des Finances britannique, M. George Osborne, vient de trouver un nouvel emploi, mais il se contentera d’un temps partiel, 48 jours par an, soit à peine un jour par semaine. Il est désormais employé par le plus gros gestionnaire mondial d’épargne, le fonds d’investissement américain BlackRock. Mais rassurez-vous, l’ancien ministre ne rejoindra pas la cohorte des précaires du Royaume-Uni. Il recevra des actions du fonds, et sera payé environ 15 700 euros… par jour. Un temps partiel qui lui laissera le temps de continuer à donner ses conférences internationales rémunérées en moyenne 45 000 euros chacune. Cela s’appelle monnayer des carnets d’adresse, des contacts accumulés durant l’exercice du mandat afin d’en faire profiter le monde des affaires. Effectivement, mélange des genres.

Notre ancien Président de la République eut lui-même ces pratiques, on pourra citer dans le même genre l’ancien Premier Ministre Tony Blair reconverti dans les affaires, le chancelier Allemand Gerhard Schröder a opéré une brillante reconversion dans le business avec Gazprom, le géant de l’énergie russe.

Chez nous, un certain candidat à l’élection présidentielle, François Fillon a créé en 2012, après avoir quitté Matignon et 11 jours avant de redevenir député, une florissante société de conseil « 2F Conseil », qui conseille notamment les entreprises du CAC 40.

Alors, Monsieur Fillon, avant de « conseiller » au peuple de vivre moins bien, le peuple vous conseille de choisir votre camp, celui de l’intérêt général, ou celui de l’intérêt privé. Ça n’est qu’un conseil bien sûr, gratuit celui-là. Mais votre choix a, semble-t-il, déjà été fait !

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