"Sans domicile fisc" au paradis

La tournée du livre a repris de plus belle depuis la rentrée de septembre. Alain et moi sommes sollicités pour animer des débats publics autour de SDF. Nous avons eu, la semaine dernière, deux rendez-vous, l’un avec les membres de l’université populaire de Lille, l’autre à l’invitation de la communauté chrétienne de l’évêché de Cambrai, cette dernière se déroulait à la Maison diocésaine de Raismes, sous la présidence de Monseigneur Garnier, évêque de Cambrai, le thème de la soirée : « les paradis fiscaux : comment sortir de l’enfer ? ». Le décor est planté.

Un journaliste de « La Croix », les frères Bocquet et un prêtre, Jean-Marc… Bocquet, on a presque fait le grand chelem. C’est lui qui ouvre le débat. Il parle du « déferlement de la richesse insolente », il pointe un système « le capitalisme », il développe la doctrine sociale de l’église qui doit prendre en compte « tout l’homme et tous les hommes » … le ton est donné.

Dans SDF, cette longue citation du Pape, en ouverture du livre, un Pape qui dénonce « le dieu argent, l’idolâtrie de l’argent, conséquence d’un choix mondial d’un système économique dans lequel c’est l’argent qui commande »… Les mots sont clairs, forts et directs… on ne tourne pas autour du pot… de confiture.

Difficile pendant cette soirée de ne pas avoir une pensée pour notre camarade Antoine Casanova, cet intellectuel communiste qui nous a quittés début octobre, connaisseur averti et respecté de l’église catholique. Nous revient à l’esprit le discours de Maurice Thorez, le 17 avril 1936, « la main tendue aux chrétiens », pour construire le grand rassemblement contre les 200 familles. En 2017 ces « 200 familles » s’appellent les « GAFA », les multinationales, les grandes banques… mais leur système est le même, celui de la domination de l’argent.

Il y a dans la salle des militants chrétiens du MRJC, de la JOC, du CCFD Terre Solidaire, des élus, des religieux. Échanges riches, sidération et effarement à l’écoute des informations échangées sur cette industrie de l’évasion fiscale internationale mais aussi la volonté d’agir : « que puis-je faire pour vous aider ? » 30 personnes nous ont laissé leur adresse électronique. Oui, la solution passera par un rassemblement large et conscient. Une organisatrice conclut la soirée qu’elle décrit comme un moment de communion. Je n’ai pas dit communisme, mais…

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