Colère populaire

Le pays craque. La colère gronde et jaillit à jets répétés sur le devant de l’actualité. Partout s’exprime la même volonté de pouvoir vivre dignement. Partout grandit l’exigence d’être entendu, écouté… et l’incompréhension de ne pas l’être. La journée interprofessionnelle du 5 décembre qui se prépare contre la réforme des retraites s’annonce forte. Elle va exprimer un mouvement de protestations et de revendications multiforme et massif. Dans l’hémicycle du Sénat, les sénatrices et les sénateurs du groupe CRCE se battent au quotidien pour que les urgences populaires, que le gouvernement cherche sans cesse à minorer ou ignorer, deviennent la priorité.

Ces dernières semaines, nous avons porté la voix des pompiers qui exigent la reconnaissance de leur dévouement professionnel et de l’accroissement de leurs missions. Celle des personnels de santé, rencontrés tout au long de notre tour de France des hôpitaux, qui ne tolèrent plus l’état de précarité dans lequel vivent leurs établissements, les urgences, la psychiatrie et d’une manière générale la santé dans notre pays.

Celle des chômeuses et des chômeurs, des précaires, de tous les travailleurs menacés de perdre leur emploi, attaqués avec une violence inouïe par une réforme de l’indemnisation du chômage qui va jeter des centaines de milliers d’entre eux dans la pauvreté.Celle des enseignants, des parents, du monde universitaire qui n’en peuvent plus d’entendre le gouvernement parler de priorité éducative quand ils vivent le contraire au quotidien.

Celle des femmes qui ne voient rien venir en termes de mesures tangibles et de moyens à la hauteur pour éradiquer les violences et les inégalités qu’elles subissent. Celle des territoires et leurs habitants, tant des banlieues que des campagnes, qui souffrent d’abandon, de services publics sacrifiés, de désagrégation du lien social… Celle des cheminots qui tirent la sonnette d’alarme sur la qualité et la sécurité des réseaux et subissent en retour la violence du mépris gouvernemental. Celle des militants de l’urgence climatique qui ne supportent plus les envolées présidentielles d’un côté et l’inaction gouvernementale de l’autre, et plus encore la complaisance face aux pratiques destructrices de la course au profit.

Porter ces voix multiples est un combat, car tout est fait pour les faire taire ou pire les noyer dans le silence et l’oubli. Nous avons droit en permanence sur les bancs du gouvernement au Sénat au déni de ces réalités et de ces urgences. Quant à la majorité de droite au Sénat, que fait-elle ? Elle entonne bien souvent le couplet de la colère en oubliant ses actes d’hier. Mais pour en tirer quelles conséquences ? La remise en cause du démantèlement des services publics, le redressement de la dépense sociale pour faire reculer les inégalités, la taxation des profits et des revenus financiers ? Rien de tout cela. Elle demande même d’en rajouter et vote toutes les lois antisociales du gouvernement.Et pour masquer ses responsabilités, elle pratique la surenchère dans la foulée des thèmes du Rassemblement national, comme on l’a vu avec le honteux débat du Sénat sur l’interdiction du voile lors des sorties scolaires.

Elle souffle sur les braises de la guerre de tous contre tous, contre le plus fragile, contre l’autre, l’étranger, le migrant, le musulman… Les sénatrices et sénateurs du groupe CRCE refusent cette fuite en avant et démontrent à chaque débat que des solutions existent à condition de s’attaquer aux privilèges de la haute finance. Avec nos collègues de l’Assemblée nationale, nous avons déposé au ministère de la Santé un plan d’urgence pour l’hôpital avec des propositions concrètes, élaboré avec les salariés, suite à ce tour de France des hôpitaux réalisé par nos deux groupes.Nous exigeons le milliard pour lutter contre les violences faites aux femmes.

Nous agissons pour que les banlieues, si riches de leurs habitants et de leur créativité, de la solidarité qui s’y exprime, disposent de services publics de proximité, avec des politiques qui s’attaquent à la précarité, à la mal vie, aux bas salaires. Nous démontrons pour les retraites qu’en faisant cotiser les revenus financiers des entreprises, aujourd’hui massifs et pourtant épargnés de toute contribution, il est possible de vivre une retraite méritée plus longtemps et en bonne santé. Voilà la voie que nous voulons ouvrir au Sénat comme dans le pays : la voie vers d’autres solutions, vers une autre conception du développement social et écologique, loin des logiques capitalistes à bout de souffle. C’est la seule voie réaliste pour l’avenir.

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