L’immigration n’est pas un outil libéral

En vue du nouveau projet de loi sur l’immigration qui doit être adopté en Conseil des ministres le 10 novembre et examiné début 2023, les ministres de l’Intérieur, Gérald Darmanin, et du Travail, Olivier Dussopt, annoncent ce jour, vouloir créer un titre de séjour « métiers en tension » pour les travailleurs sans-papiers déjà sur le territoire, à côté de mesures visant à renforcer les reconduites à la frontière.

L’objectif annoncé est simple, d’une part il s’agit de simplifier les procédures d’expulsion et de renforcer les sanctions. Cet objectif s’exprime par la volonté du ministre de l’Intérieur d’inscrire toutes les OQTF au fichier des personnes recherchées mais également par le fait de passer de douze à quatre catégories de recours contre une OQTF.
D’autre part, il est question de mettre fin au délai de carence qui empêche les demandeurs d’asile de travailler pendant leurs six premiers mois en France, mais également de créer un titre de séjour « métiers en tension ». Par cela, le ministre du Travail assume une conception de l’immigration à la Boris Johnson. L’immigration ne serait alors qu’un outil au service des entreprises et des patrons. Les petits salaires et l’exploitation oui, la dignité dans l’accueil et la considération non. Si M. Gérald Darmanin considère avec candeur qu’avec ce nouveau projet de loi, l’exécutif sera « gentil avec les gentils et méchant avec les méchants », c’est en réalité une illusion d’humanité qui nous est présentée. Contrairement à ce qui est mis en avant par le ministre de l’Intérieur, aucune main n’est tendue vers l’autre.
Le groupe CRCE dénonce la réification de la personne étrangère portée par ce projet de loi. Une personne étrangère doit être considérée dans son humanité. Une vision utilitariste n’est pas la bienvenue. Nous le rappelons, l’immigration ne doit pas être appréhendée sous un prisme libéral, les personnes étrangères ont elles aussi droit à des conditions de travail dignes et d’aspirer à des métiers qui ne sont pas ceux « en tension ».
Loin d’être fraternels, les propos des ministres de l’Intérieur et du Travail dévoilés ce jour, s’inscrivent dans la même logique que la loi asile et immigration, une loi qui porte déjà atteinte aux droits des étrangers et des demandeurs d’asile et à laquelle nous nous étions opposés lors de son examen en 2018. Elle s’inscrit dans une logique d’exploitation d’une main d’œuvre à moindre coup régulièrement défendue par le patronat français, « l’armée de réserve du patronat » qu’évoque lui-même Gérald Darmanin

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