Reconduction d’Éric Lombard à la direction générale de la Caisse des dépôts : un choix politique contestable

En premier lieu, cette reconduction tardive proposée par l’Élysée, ne respecte ni les délais, ni les règles d’intérim que la majorité LREM avait pourtant fait voter dans la loi Pacte.

De fait, M. Lombard n’aurait plus dû être directeur général depuis le décembre 2022. De plus, il ne pourra pas aller au terme de son mandat en raison du dépassement de la limite d’âge, ce qui menace directement le modèle de la Caisse des dépôts, institution garante de l’épargne des Français.

En second lieu, sous le dernier mandat de 5 ans, le groupe Caisse des dépôts a tendu à se constituer en un groupe financier « comme les autres », en multipliant les acquisitions et en développant ses filiales, tout en étant défaillant sur sa « raison d’être » : le financement du logement social grâce à l’épargne règlementée de nos concitoyennes et de nos concitoyens. Pire, ces échecs et des décisions politiques à venir mettent en péril directement le modèle de financement de l’habitat social laissant croire que la rémunération de l’épargne est inconciliable avec le financement des projets des bailleurs sociaux.

La Caisse des dépôts a pris part à des cessions d’actifs stratégiques (tel que le spécialiste en ingénierie Egis), s’adonne à des projets de fusions souhaités par Bercy (Véolia-Suez) ou l’intégration dans le champ du groupe d’entreprise publique pour des raisons politiques (La Poste). Ces décisions montrent la dérive de l’institution bicentenaire vers une doctrine d’actionnariat public, capitaliste.

Cela s’illustre notamment par les décisions stratégiques de La Poste tournées vers une logique de rentabilité – le récent abandon du timbre rouge est synonyme de la fin de la tournée quotidienne des facteurs dans tous les territoires – au détriment des intérêts des usagers et en s’éloignant de la notion de service public. La gouvernance de la Caisse des dépôts sur La Poste a encouragé le rachat de Stuart, une plateforme de l’ubérisation de la livraison expresse urbaine, la sous-traitance en cascade, et l’inexorable fermeture des bureaux.

Pour ces raisons, Éric Bocquet et Pascal Savoldelli, membres de la Commission des finances du Sénat ont refusé de cautionner cette nomination en ne prenant pas part au vote concernant la reconduction d’Eric Lombard au poste de Directeur général d’Éric Lombard.

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