Il faut surveiller Frontex

L’action de Frontex a été sévèrement mise en cause, et cette proposition de résolution européenne vise à soutenir l’agence ; elle minimise grandement les conséquences qu’il conviendrait de tirer de ces mises en cause, notamment de l’Office européen de lutte antifraude (Olaf).

On parle de crise de croissance, mais les dérives constatées viennent de la conception même des missions de l’agence : militarisation des frontières de l’Union européenne, politique d’accueil restrictive. Balafré de dix-neuf clôtures frontalières, l’espace Schengen prend de plus en plus l’apparence d’une forteresse assiégée.

Le rapport de l’Olaf pointe la complicité de l’agence dans l’abandon par la Grèce de migrants sur des îlots inhabitables. Chaque jour, une véritable crise humanitaire a lieu aux frontières de l’Europe : noyades, réseau de traites, mineurs refoulés, droit international bafoué.

Seules des politiques de migrations concertées dans le respect des droits fondamentaux pourraient changer la situation, et non l’augmentation des budgets. Arrêtons de dresser des murs toujours plus hauts et d’externaliser la gestion des frontières. Les politiques répressives n’arrêtent pas l’immigration, mais légalisent l’arbitraire et encouragent les flux irréguliers.

La démission de l’ancien directeur n’est qu’un symptôme d’un mal profond. Frontex manque cruellement de mécanismes de responsabilité. La proposition de résolution européenne minimise ce problème.

Laisser Frontex aller au bout de son mandat nous paraît bien insuffisant. Les manques constatés sont graves, les pays européens restent irresponsables. Tout cela n’est pas raisonnable. Nous voterons contre la proposition de résolution européenne. (Applaudissements sur les travées du groupe CRCE et du GEST ; Mme Esther Benbassa applaudit également.)

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