Monsieur le Président...

Monsieur le Président de la République,
Depuis plus de deux mois, un mouvement social, historique par son unité syndicale, son ampleur et sa détermination, ne cesse de vous exprimer son refus d’un recul à 64 ans de l’âge de départ à la retraite.

Jour après jour, des centaines de milliers de Français-es se mobilisent, des salariés-es recourent à leur droit de grève, la jeunesse exprime un autre choix de société à leurs côtés et aux cotés des retraités-es ; vous ne pouvez pas prétendre qu’ils n’ont aucune légitimité.

Votre refus d’entendre le peuple attise sa colère et crée une crise sociale, politique et démocratique sans précédent.
Ensemble, les Français-es et leurs représentants défendent le droit à une retraite juste et digne ; ils et elles ne sont pas illégitimes. En revanche, de quelle légitimité peut se prévaloir aujourd’hui, et à l’avenir, une réforme rejetée majoritairement par le peuple qui, de surcroît, ne peut même pas se prévaloir d’un débat abouti et d’un vote démocratique ?

En effet, nous, parlementaires n’avons pu, dans le cadre d’un débat serein, digne et loyal au sein de nos deux chambres, nous prononcer par un vote sur l’ensemble des articles voire même sur l’ensemble du projet de loi. Les multiplications des procédures constitutionnelles et / ou émanant du règlement des assemblées déployées pour confisquer le débat et le vote démocratique ont renforcé les colères.

Sauf à prendre la responsabilité d’une fracture durable de notre société et de notre pacte social, nous, Députées et Députés, Sénatrices et Sénateurs des forces politiques de gauche et écologistes, vous demandons, une fois encore et solennellement, de renoncer à votre funeste projet en le retirant.

Ce renoncement ne serait pas un aveu de faiblesse, mais une démonstration de sagesse, seule propice à redonner confiance à l’ensemble de nos concitoyens et concitoyennes et à rendre à notre société l’apaisement dont elle a tant besoin.

Du reste, il conviendrait de leur donner la parole par la voie d’un référendum pour qu’ils puissent s’exprimer, au terme d’un débat démocratique qu’ils réclament, sur la question de l’âge légal de départ à la retraite. C’est le sens de notre proposition de loi, déposée sur le fondement de l’article 11 de la Constitution, visant à affirmer que l’âge légal de départ à la retraite ne peut être fixé au-delà de 62 ans.

Monsieur le Président, dans cette perspective de sortie de crise, nous vous demandons solennellement d’accepter de nous rencontrer.

Restant à votre disposition, nous vous prions de croire, Monsieur le Président de la République, à nos sincères salutations.

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