L’avenir des IUFM

par Hélène Luc

Il y a juste 10 ans, étaient créés les IUFM. Avec l’ensemble de la communauté éducative je peux témoigner - pour m’être impliquée comme parlementaire élaborant la loi d’orientation de 1989 et comme actrice « sur le terrain » avec la création de l’IUFM de Bonneuil, en Val-de-Marne - des progrès importants que cette réforme a générés pour la formation des enseignants du 1er et 2ème degré.

Aujourd’hui et c’est naturel, des adaptations et des transformations sont indispensables au regard des besoins nouveaux très importants de recrutement et en terme qualitatif, dans la préparation à un métier délicat soumis à des changements, à des attentes, à des environnements en mutation incessante.

Dans les 3 minutes qui me sont imparties, je dois me limiter à vous interroger sur 2 points, Monsieur le Ministre : l’urgence de réactiver les prérecrutements et les incitations pour y parvenir, et la situation de l’IUFM de l’académie de Créteil, qui n’est toujours pas achevé au plan de l’implantation des locaux et des moyens humains.

C’est un fait, la moitié du corps enseignant est - en raison des départs en retraite - à renouveler dans les 10 ans à venir. 165 000 postes seront à mettre aux concours des 5 prochaines années. En décidant du plan pluriannuel de recrutement, comme nous l’avions inscrit dans la loi d’orientation de 1989, le gouvernement garantit enfin une programmation intéressante, même si des inquiétudes subsistent quant à la suffisance du nombre de postes mis aux concours.

Sans vouloir faire preuve d’un pessimisme particulier, mais l’angélisme ne paraît pas non plus être de mise tant les situations sont inégales et évolutives, le « spectre d’une crise des vocations », selon la formule appuyée d’un journal du soir, pourrait cependant compromettre la réalisation du programme pluriannuel.

Les dispositions que vous avez annoncées, notamment sur l’information et le calendrier des concours, sur l’accompagnement des stagiaires et dans la réforme des IUFM, sont porteuses d’améliorations.

Mais n’y a-t-il pas lieu, Monsieur le Ministre, pour stimuler significativement et dans la durée les vocations, de rétablir des prérecrutements en prévoyant un type d’allocation à l’instar des anciennes IPES ? Une telle mesure, que je suggère vivement, permettrait à la fois d’assurer un vivier suffisant de nouveaux enseignants et de diversifier plus et mieux les origines et les profils de ceux-ci, ce qui à terme aurait des retombées positives pour l’ensemble du système éducatif, les élèves, les parents et tous les personnesl.

Concernant l’IUFM de l’académie de Créteil, la question des locaux reste cruciale car il faudra y accueillir un nombre croissant de stagiaires, du fait des besoins nouveaux de cette académie qui reste particulièrement sensible.

C’est le cas pour la formation des professeurs d’école, dont une partie d’entre eux devrait être hébergée à Saint-Maur, ce qui reste une solution de fortune.

Quant aux professeurs du secondaire, ils ne disposent toujours pas de site spécifique regroupant et donnant unité à leur formation, l’éparpillement et la dispersion étant la règle constante depuis le début.

Il faut achever les implantations nécessaires pour cet IUFM. Monsieur le Ministre, je vous demande donc de bien vouloir me faire part de vos engagements pour cet établissement.

Par votre réponse, Monsieur le Ministre, vous me confirmez un certain nombre d’engagements pris en faveur des IUFM, et en vue de pallier d’éventuels déséquilibres entre l’offre de recrutement dans les années à venir et l’afflux nécessaire de candidats.

Je partage pleinement votre préoccupation de maintenir une qualité affirmée dans le recrutement, et la nécessité de toujours mieux préparer les futurs enseignants à leur mission, dans des conditions qui peuvent parfois être périlleuses, la région parisienne en est hélas trop souvent l’illustration.

Je ne veux pas céder moi non plus au catastrophisme. C’est pourquoi j’ai à cœur que soit relevé ce défi du renouvellement et de la formation des enseignants. Il y a des foyers d’incertitude et d’inquiétude, il y a des secteurs où manifestement il faudra faire preuve de volontarisme et prendre des mesures spécifiques.

C’est pourquoi je réitère fortement la proposition d’étudier la mise en œuvre d’une politique de prérecrutement, avec le rétablissement de bourses ou d’allocations destinées aux étudiants motivés et ayant besoin de soutien financier.

Quant à l’IUFM de Créteil et à la nécessité de parachever ses implantations, je vous demande, Monsieur le Ministre, d’engager avec tous les intéressés une concertation permettant de définir les solutions et de les programmer dans le temps.

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