Office franco-allemand pour la jeunesse

L’O.F.A.J, enfant du traité de l’Élysée de 1963, garde toute sa raison d’être. Quarante ans après, il est incontestablement nécessaire de le réformer, mais pas à n’importe quel prix.

Les festivités pour le quarantième anniversaire du traité ont grevé son budget, et l’exercice 2003 a en effet été déficitaire. D’aucuns ont conclu - à tort - à une mauvaise gestion. À la suite d’un contentieux entre la secrétaire générale de l’époque et le ministère français, ainsi que d’une divergence de points de vue entre les deux ministères sur le déménagement du siège en France, le conseil d’administration n’a pas été convoqué pendant dix-huit mois, malgré les relances de ses membres aux deux ministres.

La mission parlementaire franco- allemande a mené des auditions qui n’ont pas éclairci la situation. Un audit, parvenu à des conclusions divergentes, a été enterré au profit du rapport parlementaire, dont résulte la réforme actuelle.

À partir du 1er juillet 2006, l’office sera dirigé par deux secrétaires généraux - l’un allemand, l’autre français - nommés pour six ans.

Jusqu’ici fortement présente au conseil d’administration - via des représentants d’associations de jeunesse ou des personnalités qualifiées - la société civile sera désormais confinée au conseil d’orientation, ne conservant au conseil d’administration que deux jeunes, dont nous ignorons comment ils seront nommés.

Au demeurant, nous ne savons pas à quoi serviront le conseil d’orientation et le conseil d’administration...

Par ailleurs, remplacer le binôme secrétaire général-secrétaire général adjoint par deux secrétaires généraux aux compétences identiques n’est pas anodin : à court terme, nous risquons de créer deux directions - l’une française, l’autre allemande - sur le modèle des offices germano-polonais et germano-russe.

L’Allemagne semble vouloir aligner ses offices pour la jeunesse sur un même régime, ce qui réduirait drastiquement les crédits attribués à l’O.F.A.J.

De nombreuses déclarations faites depuis deux ans sur la priorité absolue dont doit bénéficier l’action linguistique font craindre une approche élitiste fondée sur des séjours offerts aux meilleurs élèves. Pourtant, les plus grands succès de l’office ont été obtenus grâce aux séminaires et aux rencontres mêlant le collectif et l’interculturel. Se limiter à des bourses de séjour constituerait une régression considérable !

Les membres français au conseil d’administration ne semblent toujours pas nommés. Pourquoi ?

Il ne faut donc pas être étonné par la déstabilisation que cet imbroglio suscite parmi le personnel qui ne sait rien de son futur statut...

Une réforme de l’office s’imposait d’évidence, car c’est peu dire que l’Allemagne a changé, depuis sa réunification. En outre, la relation franco-allemande doit être placée dans le contexte nouveau créé par les élargissements successifs.

Ce matin, j’ai entendu à la radio que l’apprentissage de l’allemand progressait dans les lycées français. C’est encourageant. Qu’en est-il du français en Allemagne ?

Nous tenons beaucoup au développement des relations culturelles entre les jeunesses de nos pays, car l’amitié franco-allemande doit se développer plus que jamais.

Nous regrettons que cette réforme bride la coopération. C’est pourquoi nous voterons contre.

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